Le Sabotier
Le patron des sabotiers, Saint René, évêque d’Angers serait selon la légende le premier sabotier.
A l’origine, comme le bucheron et le charbonnier, il vit et travaille dans les forêts où il trouve directement sa matière première, puis progressivement il s’installe dans les villages où il dispose d’un atelier. L’activité est souvent familiale. Après la guerre de 1939-1945 les chaussures mais surtout les bottes en caoutchouc portent un coup fatal au sabot.
A l’origine, comme le bucheron et le charbonnier, il vit et travaille dans les forêts où il trouve directement sa matière première, puis progressivement il s’installe dans les villages où il dispose d’un atelier. L’activité est souvent familiale. Après la guerre de 1939-1945 les chaussures mais surtout les bottes en caoutchouc portent un coup fatal au sabot.
Louis Delage est arrivé à Sannat à l’âge de 17 ans. Son père prénommé aussi Louis était né à la Grande Louche à Sannat en aout 1858, il avait quitté le bourg pour apprendre le métier de tailleur de pierre qu’il a ensuite abandonné pour celui de gardien de prison. Il finit sa carrière gardien chef à Blois et il revient à Sannat pensant profiter de sa retraite avec sa petite famille. Il fait donc construire au Chez mais n’habite que peu de temps sa petite maison car il meurt en mai 1918.
Louis commence alors son apprentissage de sabotier aux Fayes chez Théodore Barse.
Après 2 ans il s’installe à son compte.
Il achète des hêtres sur pied dans Le Bois Grand, il les choisit en accord avec les propriétaires : Mr Luzier ou Mr Rouchon. Il les abat au passe partout aidé d’un ouvrier, le plus souvent Fernand Tinet (frère de Georges) et ne prend que la bille. Il utilise un trinqueballe tiré par 2 bœufs pour transporter les billes qu’il stocke sur le terrain communal en face de sa « boutique ».
Le 1 er travail est alors de couper avec une grande scie ces billes en tronçons de la longueur du futur sabot puis de partager ces tronçons en 6 ou 8 quartiers selon la grosseur de la bille. Le travail doit être très précis, pour cela la 1 ère coupe se fait dans la fente naturelle du bois, il est posé sur un billot, la lame de la hache posée elle-même sur la fente qu’on veut obtenir et le coup est porté par un gros maillet de bois.
Louis commence alors son apprentissage de sabotier aux Fayes chez Théodore Barse.
Après 2 ans il s’installe à son compte.
Il achète des hêtres sur pied dans Le Bois Grand, il les choisit en accord avec les propriétaires : Mr Luzier ou Mr Rouchon. Il les abat au passe partout aidé d’un ouvrier, le plus souvent Fernand Tinet (frère de Georges) et ne prend que la bille. Il utilise un trinqueballe tiré par 2 bœufs pour transporter les billes qu’il stocke sur le terrain communal en face de sa « boutique ».
Le 1 er travail est alors de couper avec une grande scie ces billes en tronçons de la longueur du futur sabot puis de partager ces tronçons en 6 ou 8 quartiers selon la grosseur de la bille. Le travail doit être très précis, pour cela la 1 ère coupe se fait dans la fente naturelle du bois, il est posé sur un billot, la lame de la hache posée elle-même sur la fente qu’on veut obtenir et le coup est porté par un gros maillet de bois.
La longueur du bois est exprimée en pouces.
Il pourrait utiliser une réglette de mesure graduée en quart de pouces : la pige, mais le travail de préparation se fait surtout à l’œil et au toucher.
Le pied droit et le pied gauche se font en même temps mais pas avec n’importe quel quartier de bois. Le morceau portant l’écorce doit se trouver à l’intérieur du pied.
Le sabot est toujours façonné à partir d’un bloc de bois vert.
Chaque morceau va alors devenir un sabot mais avant cela il y a 3 longues étapes bien ordonnées : la taille, la creuse et la finition.
Sur un gros billot de bois d’environ 80 cm de diamètre enterré dans le sol en terre de son atelier il commence par dégrossir le tronçon de bois avec un outil spécifique du sabotier : la hache à bûcher qu’il nomme familièrement « hachou ».Le manche est court terminé par une boule pour contrebalancer le poids du tranchant, la lame est triangulaire.
Ensuite il utilise une herminette, une hachette à lame courbe perpendiculaire à l’axe du manche qui est court. Le geste est plus précis, il commence à tracer le creux du sabot puis travaille le tour pour l’arrondir. Le dégrossi est plus beau, plus fin.
Il pourrait utiliser une réglette de mesure graduée en quart de pouces : la pige, mais le travail de préparation se fait surtout à l’œil et au toucher.
Le pied droit et le pied gauche se font en même temps mais pas avec n’importe quel quartier de bois. Le morceau portant l’écorce doit se trouver à l’intérieur du pied.
Le sabot est toujours façonné à partir d’un bloc de bois vert.
Chaque morceau va alors devenir un sabot mais avant cela il y a 3 longues étapes bien ordonnées : la taille, la creuse et la finition.
Sur un gros billot de bois d’environ 80 cm de diamètre enterré dans le sol en terre de son atelier il commence par dégrossir le tronçon de bois avec un outil spécifique du sabotier : la hache à bûcher qu’il nomme familièrement « hachou ».Le manche est court terminé par une boule pour contrebalancer le poids du tranchant, la lame est triangulaire.
Ensuite il utilise une herminette, une hachette à lame courbe perpendiculaire à l’axe du manche qui est court. Le geste est plus précis, il commence à tracer le creux du sabot puis travaille le tour pour l’arrondir. Le dégrossi est plus beau, plus fin.
Le travail se fait ensuite sur un établi où le bois, déjà bien dégrossi, est calé dans l’ encoche d’une pièce de bois articulée sur un pivot et tenue par une cheville enfoncée dans l’établi et qui sera déplacée au fur et à mesure de l’évolution du travail. Cette étape se fait au paroir : une lame longue et tranchante (50 à 60 cm de long par 5 à 8 cm de large) articulée sur une boucle fixée a l’établi. La forme est alors donnée, le talon est arrondi, le contour est affiné, la cambrure dessinée. L’ébauche est finalisée.
Le creusoir est utilisé ensuite sur un 2ème établi, mais uniquement pour l’intérieur de la semelle avant du sabot, comme le paroir il est articulé sur un anneau, il est de même longueur mais la lame est différente, beaucoup plus petite, environ 15 cm et soudée au milieu. La paire de sabot ébauchée est calée dans des encoches et se travaille en parallèle. Le pied droit est placé à gauche et le pied gauche est placé à droite.
Après il évide le talon avec une cuillère. Elle a la forme d’une cuillère d’où son nom, ses bords sont tranchants sur tout le pourtour, il y en existe de plusieurs tailles.
Après le séchage de quelques jours à quelques semaines selon la saison commence la finition. Il lui faut autant de temps de finition que de dégrossissage. Elle se fait donc sur le bois sec avec, une nouvelle fois le paroir, puis le creusoir, puis la cuillère et pour l’intérieur du talon, une rainette ou rouannette avec laquelle il le lisse, le polit. Cet outil possède une lame très effilée et recourbée sur elle-même, elle est très coupante des 2 côtés.
Le sabot bien calé sur les genoux, grâce au racloir une lame d’acier, il va maintenant lisser le talon extérieur bien en arrondi et éliminer ainsi tous les coups de paroir qui lui donnaient une forme côtelée.
Après le séchage de quelques jours à quelques semaines selon la saison commence la finition. Il lui faut autant de temps de finition que de dégrossissage. Elle se fait donc sur le bois sec avec, une nouvelle fois le paroir, puis le creusoir, puis la cuillère et pour l’intérieur du talon, une rainette ou rouannette avec laquelle il le lisse, le polit. Cet outil possède une lame très effilée et recourbée sur elle-même, elle est très coupante des 2 côtés.
Le sabot bien calé sur les genoux, grâce au racloir une lame d’acier, il va maintenant lisser le talon extérieur bien en arrondi et éliminer ainsi tous les coups de paroir qui lui donnaient une forme côtelée.
Il faut ensuite creuser une rainure autour de la partie avant et extérieure pour loger l’empeigne de cuir. Elle est façonnée à l’aide d’un petit outil à main de forme triangulaire : une flamme ou un U monté sur un manche et plus précis et régulier. Il en possède un en W mais il ne l’utilise pas car la rainure obtenue ne lui convient pas.
La partie bois du sabot est maintenant finie.
Avant le 1 er essayage, il monte l’empeigne avec quelques pointes. Il faut alors adapter sa hauteur par rapport au pied du client, c’est pourquoi il l’ajuste au dernier moment. L’excédent de cuir est ensuite coupé sur chaque côté et l’empeigne est clouée au ras de la rainure avec des petites pointes.
Le bois extérieur est noirci au « noir à sabots ».
Ensuite selon le choix du client il peut clouter le dessous du sabot avec 2 rangs de clous bombés, ou appliquer une semelle de caoutchouc ou laisser le sabot nu mais il va s’user beaucoup plus vite.
Pour un meilleur confort, on peut utiliser des chaussons adaptés faits de feutre.
Quand la semelle de bois est abimée, il procède à un « remontage ». L’empeigne de cuir est déclouée, trempée dans l’eau une journée, remise en forme bien tendue sur une pièce de bois appelée forme, le plus souvent donnée par le marchand de cuir, elle y reste une journée encore, puis elle est remontée sur une nouvelle paire de semelles et cette fois, le bois et le cuir sont peints. Un même cuir peut être utilisé 2 à 3 fois.
Si on lui demande un sabot demi garni, c’est-à-dire presque tout en bois avec juste une bride de cuir sur le cou-de-pied, il commande les semelles à Louroux de Bouble dans l’Allier, il ne les fait pas lui-même.
Les empeignes de cuir sont achetées à Dun le Palleteau (aujourd’hui Dun le Palestel) chez Mr Vergeade ou à Montaigut en Combrailles chez Mr Petit.
Quand la guerre arrive, en 1939 il est incorporé comme artificier et fait partie d’un convoi chargé de conduire à La Courtine les chevaux réquisitionnés. Il est ensuite envoyé à La Fontaine du Berger prés de Clermont Ferrand. Mais trop âgé et père de 2 enfants il est très vite rendu à sa famille sans revenus pendant son absence.
Après son certificat d’étude et 2 ans de cours complémentaires, âgé de 14 ans, Paul son fils qui l’a tellement regardé travailler n’a pas besoin d’apprentissage et travaille directement avec lui.
Puis en 1957 Paul se marie avec Geneviève et comme son métier de radioélectricien commence à bien marcher il abandonne la confection des sabots.
Travaillant maintenant seul, Louis n’abat plus d’arbres et achète alors des semelles dégrossies à Mr Lacouture à st Maurice de Pionsat. Le bénéfice est moindre mais le travail est moins pénible. Le talon extérieur a la forme voulue et n’a pas besoin de retouche, il y a juste la semelle et le talon intérieur à revoir. Il utilise alors dans cet ordre : paroir, creusoir, cuillère et rainette.
Il connait de mémoire la pointure (en pouces) de chacun de ses habitués, du plus petit au plus grand pied de la commune…
A 65 ans il est officiellement à la retraite mais comme la loi le lui permet il continue son activité pour ses habitués mais aussi des clients hors de la commune car il n’est plus que le seul sabotier en activité dans la région.
La partie bois du sabot est maintenant finie.
Avant le 1 er essayage, il monte l’empeigne avec quelques pointes. Il faut alors adapter sa hauteur par rapport au pied du client, c’est pourquoi il l’ajuste au dernier moment. L’excédent de cuir est ensuite coupé sur chaque côté et l’empeigne est clouée au ras de la rainure avec des petites pointes.
Le bois extérieur est noirci au « noir à sabots ».
Ensuite selon le choix du client il peut clouter le dessous du sabot avec 2 rangs de clous bombés, ou appliquer une semelle de caoutchouc ou laisser le sabot nu mais il va s’user beaucoup plus vite.
Pour un meilleur confort, on peut utiliser des chaussons adaptés faits de feutre.
Quand la semelle de bois est abimée, il procède à un « remontage ». L’empeigne de cuir est déclouée, trempée dans l’eau une journée, remise en forme bien tendue sur une pièce de bois appelée forme, le plus souvent donnée par le marchand de cuir, elle y reste une journée encore, puis elle est remontée sur une nouvelle paire de semelles et cette fois, le bois et le cuir sont peints. Un même cuir peut être utilisé 2 à 3 fois.
Si on lui demande un sabot demi garni, c’est-à-dire presque tout en bois avec juste une bride de cuir sur le cou-de-pied, il commande les semelles à Louroux de Bouble dans l’Allier, il ne les fait pas lui-même.
Les empeignes de cuir sont achetées à Dun le Palleteau (aujourd’hui Dun le Palestel) chez Mr Vergeade ou à Montaigut en Combrailles chez Mr Petit.
Quand la guerre arrive, en 1939 il est incorporé comme artificier et fait partie d’un convoi chargé de conduire à La Courtine les chevaux réquisitionnés. Il est ensuite envoyé à La Fontaine du Berger prés de Clermont Ferrand. Mais trop âgé et père de 2 enfants il est très vite rendu à sa famille sans revenus pendant son absence.
Après son certificat d’étude et 2 ans de cours complémentaires, âgé de 14 ans, Paul son fils qui l’a tellement regardé travailler n’a pas besoin d’apprentissage et travaille directement avec lui.
Puis en 1957 Paul se marie avec Geneviève et comme son métier de radioélectricien commence à bien marcher il abandonne la confection des sabots.
Travaillant maintenant seul, Louis n’abat plus d’arbres et achète alors des semelles dégrossies à Mr Lacouture à st Maurice de Pionsat. Le bénéfice est moindre mais le travail est moins pénible. Le talon extérieur a la forme voulue et n’a pas besoin de retouche, il y a juste la semelle et le talon intérieur à revoir. Il utilise alors dans cet ordre : paroir, creusoir, cuillère et rainette.
Il connait de mémoire la pointure (en pouces) de chacun de ses habitués, du plus petit au plus grand pied de la commune…
A 65 ans il est officiellement à la retraite mais comme la loi le lui permet il continue son activité pour ses habitués mais aussi des clients hors de la commune car il n’est plus que le seul sabotier en activité dans la région.
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