Lettres de guerre de Francois Aubert
Remerciements : Patrick Le Fur
Recueil des courriers de François AUBERT, chasseur alpin, envoyés par François à ses parents ou à sa sœur Yvonne du 3 septembre 1913 au 24 juillet 1916 Recueil établi par Patrick LE FUR, décembre 2014 En mémoire de mon grand-oncle, un jeune homme tué à 25 ans, pendant la Grande Guerre. Pour Antoine, Marin et mes neveux et nièces. « Maudite soit la guerre » dit l’enfant de la Creuse à Gentioux. Un devoir de mémoire J’ai toujours vu chez ma grand-mère, Yvonne DEBORD, un cadre avec la photo d’un jeune militaire et deux médailles militaires. Je me souviens aussi d’un cadre avec une fleur d’Edelweiss séchée et, dans la chapelle surmontant la tombe familiale au cimetière de Sannat, d’une croix en bois provenant d’une tombe militaire. |
C’était le résumé de la courte vie de François AUBERT, son frère, mort pendant la guerre 14-18. Ma grand-mère était très attachée à la mémoire de son frère et conservait, dans un album, les cartes postales qu’il lui avait envoyées pendant son service militaire, puis pendant la guerre. Elle avait, alors, entre 15 et 18 ans. Elle l’avait vivement sollicité pour qu’il lui écrive sur des cartes postales qu’elle collectionnait avec celles envoyées à ses parents. |
Jusqu’à peu, je ne savais pratiquement rien de ce grand-oncle.
Il avait grandi au Rivaud, alors que son père, Alexandre, et sa mère, Annette, travaillaient à Paris.
Il avait fait son service militaire dans les Alpes et il était mort à la guerre de 1914-1918.
Sa mère était allée se recueillir sur sa tombe, dans la Somme, et avait demandé le retour de son corps dans la tombe familiale, au cimetière de Sannat.
Après le décès de ma grand-mère, Yvonne, j’ai trouvé son album de cartes postales, le livret militaire de François, huit lettres qu’il avait adressées à sa sœur ou à ses parents et quelques photos. De l’album, j’ai retiré les cartes postales qui avaient été écrites par François et j’ai découvert sa correspondance au dos de ces cartes. Mais, à l’époque, j’en ai abandonné la lecture, car elles étaient difficiles à déchiffrer et je situais mal les lieux d’où il écrivait …
A l’occasion du centenaire de la Guerre de 1914-1918, avec Annie dont le grand-père avait, lui aussi, fait « la Grande guerre », nous avons ressorti les documents relatifs à nos deux aïeux.
Nous avons constaté qu’ils avaient été, tous les deux, chasseurs alpins, l’un au 28e et l’autre au 53e, et qu’ils avaient participé aux mêmes batailles, « Le Vieil Armand » et « La Somme ».
Nous avons, alors, engagé un chemin de mémoire en allant découvrir les champs de bataille de la Somme, en mai 2014, et celui de l’Hartmannswillerkopf « Le vieil Armand », près de Thann en Alsace, en juillet.
La découverte des lieux, des monuments et des expositions nous a permis de situer ce que nos deux parents avaient vécu, nous a émus et nous a motivés pour faire revivre leur mémoire.
Au retour d’Alsace, j’ai entrepris de classer par date les cartes postales et les lettres de mon grand-oncle, à partir du 3 septembre 1913, à la veille de l’entrée en guerre, et de les retranscrire sur ordinateur. Après plusieurs relectures des passages difficilement lisibles, et avec l’aide d’Annie, j’ai réussi à déchiffrer la presque totalité de la correspondance conservée par Yvonne :
8 lettres sur papier et 70 cartes postales, dont deux avec une date douteuse et deux non datées.
Seules trois cartes, écrites pendant la guerre mais non datées, n’ont pas pu être resituées chronologiquement.
Puis, sur Internet, j’ai découvert un livre de 152 pages relatant l’historique de son bataillon pendant la guerre 14-18 : « Pages de gloire du 28e bataillon de chasseurs alpins »
Quelques informations sur « Les chasseurs alpins » pour mieux comprendre
En 1888, 12 bataillons alpins de chasseurs à pied sont créés pour la défense de la frontière avec l’Italie. Ces bataillons seront, en 1914, dénommés « Chasseurs alpins ».
Les chasseurs alpins portent une tenue bleue et un large béret, « la tarte », orné du cor de chasse argent. Ils ont été surnommés par les soldats allemands « Les diables bleus ». Ce sont des troupes très mobiles et très entrainées qui agissent en éclaireurs des troupes d’infanterie. « Allant, agilité, détermination et solidarité » sont leurs caractéristiques.
Un bataillon de chasseurs alpins comprend 1 550 hommes et 32 officiers. Il est composé de six compagnies de 250 hommes chacune, d’une section de mitrailleuses et d’une section hors rang qui assure les fonctions d’approvisionnements, de communication …
Chaque compagnie, commandée par un capitaine, comporte quatre sections. Chaque section comporte quatre escouades de 15 hommes avec à sa tête un caporal.
A la déclaration de guerre sont créés 12 bataillons de réserve, composés d’hommes de 23 à 34 ans, et 7 bataillons territoriaux composés d’hommes de 35 à 45 ans. A chaque bataillon d’active correspond un bataillon de réserve, ainsi au 28e d’active correspond le 68e de réserve.
En 1888, 12 bataillons alpins de chasseurs à pied sont créés pour la défense de la frontière avec l’Italie. Ces bataillons seront, en 1914, dénommés « Chasseurs alpins ».
Les chasseurs alpins portent une tenue bleue et un large béret, « la tarte », orné du cor de chasse argent. Ils ont été surnommés par les soldats allemands « Les diables bleus ». Ce sont des troupes très mobiles et très entrainées qui agissent en éclaireurs des troupes d’infanterie. « Allant, agilité, détermination et solidarité » sont leurs caractéristiques.
Un bataillon de chasseurs alpins comprend 1 550 hommes et 32 officiers. Il est composé de six compagnies de 250 hommes chacune, d’une section de mitrailleuses et d’une section hors rang qui assure les fonctions d’approvisionnements, de communication …
Chaque compagnie, commandée par un capitaine, comporte quatre sections. Chaque section comporte quatre escouades de 15 hommes avec à sa tête un caporal.
A la déclaration de guerre sont créés 12 bataillons de réserve, composés d’hommes de 23 à 34 ans, et 7 bataillons territoriaux composés d’hommes de 35 à 45 ans. A chaque bataillon d’active correspond un bataillon de réserve, ainsi au 28e d’active correspond le 68e de réserve.
Ce que je sais, aujourd’hui, de François AUBERT
Ses parents, qui se sont mariés le 9 février 1891 à Sannat, demeuraient au Rivaud, hameau de Sannat, dans la Creuse, où il est né le 14 décembre 1891.
Son père François-Alexandre, dit Alexandre, né en 1867 à Sannat, est maçon. Pendant la bonne saison, il participe à des chantiers, à Paris (cf. Les maçons creusois). Puis, il participe au chantier de construction de l’église de Sannat (1891-1897). Il sera, ensuite, chef de chantier à Paris.
Sa mère Anne BIGOURET, dite Annette, née en 1870 à Chambon-sur-Voueize, monte à Paris après sa naissance, pour être « nourrice » d’un enfant orphelin d’une famille aisée.
Pendant l’absence de ses parents, il est élevé par sa grand-mère paternelle, Anne REVARDEAU, dite Marie-Anne, qui est veuve et agricultrice au Rivaud.
Il est le premier enfant du couple et aura une sœur, Yvonne, en septembre 1897. Il a alors 6 ans.
Il va à l’école à Sannat et obtient, à 13 ans, son certificat d’études primaires.
Il apprend le métier de maçon et travaille avec son père à Paris, jusqu’à son service militaire.
Carte postale à Mlle AUBERT aux Rivaux par Sannat
Tampon de la poste de Sannat du 15 avril 1910
Chère sœur.
Je t’envoie une petite carte pour te donner de notre nouvelle et en même temps pour en recevoir des vôtres. Je te dirai que nous sommes en bonne santé. J’ai commencé de travailler lundi avec mon père au chantier de la rue Michel Ange. Samedi je suis allé à Bercy chez les (illisible) avec la tante.
Je (illisible) et vous embrasse. A
Il demeure chez ses parents, 43 rue du Théâtre Paris 15°, jusqu’à son incorporation.
Il est appelé au service militaire le 1er octobre 1911. Il a alors 20 ans.
Son livret militaire précise qu’il mesure 1m62, qu’il a les cheveux bruns et les yeux marrons.
Il est affecté au 28e bataillon de chasseurs alpins, caserné à Grenoble. Pendant ses classes, il est chasseur de seconde classe de la 2e compagnie. Puis, il fait partie de la « section hors rang » du bataillon, où il exerce les fonctions de téléphoniste.
La durée du service militaire est, alors, de trois ans. Il est libérable le 30 septembre 1914. La mobilisation générale du 1er août 1914, puis la déclaration de guerre de l’Allemagne, le 3 août 1914, le plongent, pour deux années, dans « La grande guerre », au cours de laquelle il participe à deux grandes batailles :
J’ai présenté chronologiquement, en caractères italiques, les correspondances de François à sa sœur ou à ses parents. J’ ai resitué les courriers dans le contexte des activités de son bataillon en insérant, en caractères italiques gras, des extraits des « Pages de gloire du 28e bataillon de chasseurs alpins » qui décrivent les secteurs attribués au bataillon, les périodes où le bataillon est engagé ou mis au repos, les combats …
Sur la seule période de guerre, ce sont soixante-douze correspondances qui ont été conservées, soit, en moyenne, trois par mois. Mais on comprend, en lisant, qu’il manque de nombreux courriers soit parce qu’ils n’ont pas été conservés soit qu’ils ne sont jamais arrivés …
Patrick LE FUR, son petit-neveu
Ses parents, qui se sont mariés le 9 février 1891 à Sannat, demeuraient au Rivaud, hameau de Sannat, dans la Creuse, où il est né le 14 décembre 1891.
Son père François-Alexandre, dit Alexandre, né en 1867 à Sannat, est maçon. Pendant la bonne saison, il participe à des chantiers, à Paris (cf. Les maçons creusois). Puis, il participe au chantier de construction de l’église de Sannat (1891-1897). Il sera, ensuite, chef de chantier à Paris.
Sa mère Anne BIGOURET, dite Annette, née en 1870 à Chambon-sur-Voueize, monte à Paris après sa naissance, pour être « nourrice » d’un enfant orphelin d’une famille aisée.
Pendant l’absence de ses parents, il est élevé par sa grand-mère paternelle, Anne REVARDEAU, dite Marie-Anne, qui est veuve et agricultrice au Rivaud.
Il est le premier enfant du couple et aura une sœur, Yvonne, en septembre 1897. Il a alors 6 ans.
Il va à l’école à Sannat et obtient, à 13 ans, son certificat d’études primaires.
Il apprend le métier de maçon et travaille avec son père à Paris, jusqu’à son service militaire.
Carte postale à Mlle AUBERT aux Rivaux par Sannat
Tampon de la poste de Sannat du 15 avril 1910
Chère sœur.
Je t’envoie une petite carte pour te donner de notre nouvelle et en même temps pour en recevoir des vôtres. Je te dirai que nous sommes en bonne santé. J’ai commencé de travailler lundi avec mon père au chantier de la rue Michel Ange. Samedi je suis allé à Bercy chez les (illisible) avec la tante.
Je (illisible) et vous embrasse. A
Il demeure chez ses parents, 43 rue du Théâtre Paris 15°, jusqu’à son incorporation.
Il est appelé au service militaire le 1er octobre 1911. Il a alors 20 ans.
Son livret militaire précise qu’il mesure 1m62, qu’il a les cheveux bruns et les yeux marrons.
Il est affecté au 28e bataillon de chasseurs alpins, caserné à Grenoble. Pendant ses classes, il est chasseur de seconde classe de la 2e compagnie. Puis, il fait partie de la « section hors rang » du bataillon, où il exerce les fonctions de téléphoniste.
La durée du service militaire est, alors, de trois ans. Il est libérable le 30 septembre 1914. La mobilisation générale du 1er août 1914, puis la déclaration de guerre de l’Allemagne, le 3 août 1914, le plongent, pour deux années, dans « La grande guerre », au cours de laquelle il participe à deux grandes batailles :
- la bataille de l’Hartmannswillerkopf, 19 janvier au 22 décembre 1915, dénommé par les soldats « Le vieil Armand » et « Le mangeur d’hommes » avec 30 000 morts et plus de 90 000 blessés,
- la bataille de la Somme, 1er juillet au 18 novembre 1916, avec 442 000 morts et 600 000 blessés, où il est tué le 4 septembre.
- Il n’avait pas 25 ans et avait passé cinq ans sous les drapeaux.
J’ai présenté chronologiquement, en caractères italiques, les correspondances de François à sa sœur ou à ses parents. J’ ai resitué les courriers dans le contexte des activités de son bataillon en insérant, en caractères italiques gras, des extraits des « Pages de gloire du 28e bataillon de chasseurs alpins » qui décrivent les secteurs attribués au bataillon, les périodes où le bataillon est engagé ou mis au repos, les combats …
Sur la seule période de guerre, ce sont soixante-douze correspondances qui ont été conservées, soit, en moyenne, trois par mois. Mais on comprend, en lisant, qu’il manque de nombreux courriers soit parce qu’ils n’ont pas été conservés soit qu’ils ne sont jamais arrivés …
Patrick LE FUR, son petit-neveu
Carte postale à M. et Mme Aubert, 43 rue du Théâtre, Paris XV
Saint-Laurent-du-Pont, le 3 septembre 1913
Chers parents. Je vous envoie ces deux mots à la hâte pour vous donner de mes nouvelles et, en même temps, pour en recevoir des vôtres. Quant aux miennes, elles sont parfaites. Chers parents je vous envoie deux cartes qui ont été prises quand on faisait les manœuvres de division. Je suis dessus et je ne m’attendais pas de pouvoir trouver ça ici. Je ne croyais même pas d’être pris en carte postale. Je mets une petite croix à l’endroit où je suis. On est tellement petits que vous ne me trouverez peut être pas. Vous me direz si vous trouvez que c’est bien moi. Aujourd’hui, en marche, on a visité le couvent des Chartreux. Je peux vous dire que c’est immense et richement bien construit. Seulement le dedans est tout enlevé. Chers parents, je vous prie de vouloir bien m’envoyer un mandat, ça se tire. Je vous envoie un petit bouquet comme souvenir que j’ai fait des fleurs des Alpes. Votre fils qui vous embrasse tous les trois. François» |
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert Le 11 septembre1913 Chère sœur. J’écris ces deux mots pour vous remercier du mandat que je viens de recevoir dans de bonnes conditions et que j’attendais. Parce que sans pognon, il n’y a pas vie. Je t’envoie une vue du couvent de la Grande Chartreuse que j’ai visité. J’ai acheté la carte dedans. Tu peux voir d’ici si c’est grand. Et l’autre carte c’est une vue qui a été prise d’un endroit où l’on est passé en reconnaissance et où l’on a laissé un type de la compagnie qui a tombé dans un glacier. On n’a pas pu le sortir. C’était un triste passage. |
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Suite 2° (non datée, manque la première partie) Chère sœur. Je te prie de les conserver ou d’en donner à tes amies (il parle, sans doute de fleurs d’Edelweiss séchées). Il y en a d’autres espèces qui sont très jolies. Seulement, j’en ai pas, encore, trouvé. On en vend dans les villages, mais c’est encore assez cher et il y a assez d’autres choses à acheter. Mais peut être que je passerai à des endroits où il y en a. et je t’en enverrai. |
Carte postale à M. et Mme Aubert
Tampon de la poste de 1913
Chers parents.
Je vous envoie ces deux mots pour vous faire part de mes nouvelles qui sont parfaites pour le moment et en même temps je va vous dire que je vais avoir dix jours de permission pour la Noël. Je compte sur vous pour m’envoyer quelques sous pour faire le voyage. Je compte partir le 24 ou le 25.
A bientôt, je vous embrasse tous de tout cœur. Aubert François.
Tampon de la poste de 1913
Chers parents.
Je vous envoie ces deux mots pour vous faire part de mes nouvelles qui sont parfaites pour le moment et en même temps je va vous dire que je vais avoir dix jours de permission pour la Noël. Je compte sur vous pour m’envoyer quelques sous pour faire le voyage. Je compte partir le 24 ou le 25.
A bientôt, je vous embrasse tous de tout cœur. Aubert François.
Carte postale à M. et Mme Aubert
Grenoble, le 2 mai 1914
Chers parents.
Je me demande si c’est que vous êtes malades ou que vous êtes fâchés. Voilà quinze jours que je vous ai écrit et que vous n’avez pas pu me faire réponse. Vous trouvez peut être bien que je n’écris pas souvent, mais dans tous les cas, vous y mettez aussi le temps pour répondre. Chers parents, je ne vous en veux pas pour ça, mais je tiendrai bien de savoir de vos nouvelles quand même. Peut être que je n’en vaux pas la peine. Mais enfin, je vous prie de ne pas m’oublier comme ça. Votre fils qui vous embrasse tous bien fort. Aubert François.
Le 9 juillet 1914, le bataillon part en manœuvre. Pour les uns, c’était la perspective de la libération, au retour, dans quelques semaines ; pour les autres, c’était le charme de l’inconnu…
Grenoble, le 2 mai 1914
Chers parents.
Je me demande si c’est que vous êtes malades ou que vous êtes fâchés. Voilà quinze jours que je vous ai écrit et que vous n’avez pas pu me faire réponse. Vous trouvez peut être bien que je n’écris pas souvent, mais dans tous les cas, vous y mettez aussi le temps pour répondre. Chers parents, je ne vous en veux pas pour ça, mais je tiendrai bien de savoir de vos nouvelles quand même. Peut être que je n’en vaux pas la peine. Mais enfin, je vous prie de ne pas m’oublier comme ça. Votre fils qui vous embrasse tous bien fort. Aubert François.
Le 9 juillet 1914, le bataillon part en manœuvre. Pour les uns, c’était la perspective de la libération, au retour, dans quelques semaines ; pour les autres, c’était le charme de l’inconnu…
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert Le Casset, le 19 juillet 1914 Chère sœur. Je te prie de m’excuser d’avoir été si négligent pour te faire réponse. Mais jusqu’à présent, j’ai guère eut le courage, parce que les Alpes n’ont pas changé depuis l’année dernière. Elles sont toujours là pour en faire rôter aux pauvres Alpins. Depuis que l’on est parti de Grenoble, il n’y a qu’aujourd’hui que l’on a repos complet. Pour le 14 juillet, on a défilé le matin, le soir on avait quartier libre jusqu’à dix heures. A 11 heures, il nous a fallu faire le sac et partir faire un col. C’était pas le rêve … |
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Névache, le 26 juillet 1914
Un affectueux bonjour de Névache. François
Le 2 août 1914, lorsque l’ordre de mobilisation arrive le 28e bataillon est en manœuvre dans le Briançonnais, à Névache.
Il est tout d’abord affecté à la garde de la frontière italienne jusqu’au 10 août. Puis le 12 août, il débarque à Saint-Maurice, près de Bussang, dans les Vosges et est engagé dans la plaine d’Alsace le 14 août. Les 21 et 22 août, il participe aux combats d’Ingersheim et occupe un faubourg de Colmar. Du 25 août au 6 septembre le bataillon participe à de nombreux combats près du col du Bonhomme : Orbey, La Poutroye, La Chapelle, Hautes-Chaumes, Lac Blanc et le 6 septembre au Col des Journaux avec une charge à la baïonnette des 3e et 4e compagnies. Puis pendant trois semaines, jusqu’au 26 septembre, le bataillon est soumis à un incessant bombardement par obus de gros calibre.
Lettre à Mlle Yvonne Aubert
Col du Bonhomme, le 8 septembre 1914.
Chère sœur.
Je te prie de m’excuser si je ne t’écris pas plus souvent, mais tu peux croire que c’est très difficile.
J’ai reçu, hier, deux de tes lettres, une datée du 8 août, l’autre du 25. C’est la deuxième distribution de lettres que l’on a eut depuis que l’on est parti de Briançon.
Chère sœur, je suis en très bonne santé pour le moment et j’espère que tu es de même. Je te dirai que souvent j’ai passé près, mais enfin je n’ai pas encore été touché. C’est le principal quand on reste ca va toujours. J’espère avoir de la chance jusqu’au bout et que l’on pourra se revoir. Mais je crois que ce n’est pas encore fini. Je te dirai qu’au bataillon, il y en a beaucoup qui manquent à l’appel. Mais en voyant tous les engagements que l’on a eu, c’est encore pas énorme.
Depuis le 22 août, on n’a pas passé beaucoup de jours sans se tamponner. Hier soir, il y a 3 compagnies qui ont été engagées pour repousser un régiment ennemi. Il a fallu qu’elles chargent à la baïonnette sur 700 ou 800 mètres. On a eu 100 morts ou blessés dans les 3 compagnies.
Aujourd’hui, il n’y a que l’artillerie qui nous tire dessus. Leurs obus font beaucoup de bruit, mais pas beaucoup de mal. Ils ont tué 5 mulets à notre batterie de montagne.
Je ne vois plus grand-chose à te dire pour le moment. Je te prie de donner le bonjour à tous ceux qui demandent de mes nouvelles. Bien des choses pour moi à La Bessède et à Villemoleix
Je fini en t’embrassant de tout cœur.
Ton frère qui pense à toi. François Aubert
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Plainfaing, le 14 septembre 1914. (Plainfaing est au pied du col du Bonhomme dans les Vosges)
Affectueux bonjour de Plainfaing. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Lee 14 septembre 1914.
Chère sœur.
Ne sachant trop où tu es, j’adresse ces cartes à Paris, vu que dans ta dernière lettre tu me disais que tu comptais rentrer à Paris bientôt.
Je suis en très bonne santé, pour le moment, et j’espère que tu es de même
Ton frère qui t’embrasse et pense à toi. F.A.
Plainfaing, le 14 septembre 1914. (Plainfaing est au pied du col du Bonhomme dans les Vosges)
Affectueux bonjour de Plainfaing. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Lee 14 septembre 1914.
Chère sœur.
Ne sachant trop où tu es, j’adresse ces cartes à Paris, vu que dans ta dernière lettre tu me disais que tu comptais rentrer à Paris bientôt.
Je suis en très bonne santé, pour le moment, et j’espère que tu es de même
Ton frère qui t’embrasse et pense à toi. F.A.
Carte postale à M. et Mme Rougeron à La Bessède, Chambon-sur-Voueize
Le 15 septembre 1914.
Chère oncle et chère tante.
Je suis, encore, en très bonne santé, pour le moment et j’espère que ma missive va vous trouver tous de même.
Yvonne est sans doute bien partie à Paris à présent. Je viens de lui adresser deux cartes à Paris.
Ne pouvant vous parler d’autre chose, je finis en vous embrassant de tout cœur. Aubert François.
Le 15 septembre 1914.
Chère oncle et chère tante.
Je suis, encore, en très bonne santé, pour le moment et j’espère que ma missive va vous trouver tous de même.
Yvonne est sans doute bien partie à Paris à présent. Je viens de lui adresser deux cartes à Paris.
Ne pouvant vous parler d’autre chose, je finis en vous embrassant de tout cœur. Aubert François.
Carte postale à M. et Mme Aubert
Bonhomme, le 17 septembre 1914.
Meilleures pensées. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 20 septembre 1914.
Bien le bonjour des Vosges. F.A.
Les 23 et 24 septembre le bataillon participe à l’attaque des hauteurs de Lesseux et du Réduit
Carte postale à M. et Mme Aubert
Col du Bonhomme, le 24 septembre 1914
Chers parents.
Je vous adresse ces deux mots en vous donnant de mes nouvelles. Chers parents, je suis en très bonne santé, pour le moment et j’espère que vous êtes de même. Les obus de 105 nous embêtent toujours. Ils nous ont tué un capitaine avant-hier et des hommes tous les jours.
Je fini en vous embrassant de tout cœur. F.A.
A partir du 27 septembre, le bataillon occupe des tranchées au Sud du col de Sainte Marie.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 2 octobre 1914
Affectueux bonjour et meilleures pensées des Vosges. François Aubert
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 18 octobre 1914
Affectueux bonjour et meilleures pensées des Vosges. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 23 octobre 1914
Affectueux bonjour et meilleures pensées des Vosges. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 27 octobre 1914
Bien le bonjour à tous et mille baisers. Je viens de recevoir le paquet dans de bonnes conditions. F.A.
Les 31 octobre, 1er et 2 novembre, le bataillon s’élance à l’assaut de la « Tête de Violu » et du « Collet de Cude » et s’y est maintenu en dépit des contre-attaques ennemies.
Bonhomme, le 17 septembre 1914.
Meilleures pensées. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 20 septembre 1914.
Bien le bonjour des Vosges. F.A.
Les 23 et 24 septembre le bataillon participe à l’attaque des hauteurs de Lesseux et du Réduit
Carte postale à M. et Mme Aubert
Col du Bonhomme, le 24 septembre 1914
Chers parents.
Je vous adresse ces deux mots en vous donnant de mes nouvelles. Chers parents, je suis en très bonne santé, pour le moment et j’espère que vous êtes de même. Les obus de 105 nous embêtent toujours. Ils nous ont tué un capitaine avant-hier et des hommes tous les jours.
Je fini en vous embrassant de tout cœur. F.A.
A partir du 27 septembre, le bataillon occupe des tranchées au Sud du col de Sainte Marie.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 2 octobre 1914
Affectueux bonjour et meilleures pensées des Vosges. François Aubert
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 18 octobre 1914
Affectueux bonjour et meilleures pensées des Vosges. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 23 octobre 1914
Affectueux bonjour et meilleures pensées des Vosges. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 27 octobre 1914
Bien le bonjour à tous et mille baisers. Je viens de recevoir le paquet dans de bonnes conditions. F.A.
Les 31 octobre, 1er et 2 novembre, le bataillon s’élance à l’assaut de la « Tête de Violu » et du « Collet de Cude » et s’y est maintenu en dépit des contre-attaques ennemies.
Carte postale à M. et Mme Aubert
Verpellière, le 7 novembre 1914 (Ban de Laveline, Vosges, point culminant la Tête de Violu)
Chers parents.
Je vous fais part de ces quelques mots pour échanger de nos nouvelles. Je vous dirai que je n’ai pas passé une belle fête de Toussaint. Samedi, dimanche et lundi on s’est battu comme des lions. On a voulu avancer un peu, mais ça n’a pas été facile. On a perdu du monde et on n’a pas avancé beaucoup. Il faut rester dans les bois, il n’y a pas de maisons, celles qu'il y avait sont toutes brulées et il ne fait pas chaud. Tous les jours, il y a des contre-attaques ; les bôches veulent reprendre leurs positions, mais ils n’y arriveront pas. Dans mon ancienne compagnie, il y a eu 35 blessés et 11 morts ; et tous les jours il y en a, parce qu’ils nous envoient quelque chose comme obus. On a eu 3 capitaines de blessés et pas mal de lieutenants au bataillon…
Verpellière, le 7 novembre 1914 (Ban de Laveline, Vosges, point culminant la Tête de Violu)
Chers parents.
Je vous fais part de ces quelques mots pour échanger de nos nouvelles. Je vous dirai que je n’ai pas passé une belle fête de Toussaint. Samedi, dimanche et lundi on s’est battu comme des lions. On a voulu avancer un peu, mais ça n’a pas été facile. On a perdu du monde et on n’a pas avancé beaucoup. Il faut rester dans les bois, il n’y a pas de maisons, celles qu'il y avait sont toutes brulées et il ne fait pas chaud. Tous les jours, il y a des contre-attaques ; les bôches veulent reprendre leurs positions, mais ils n’y arriveront pas. Dans mon ancienne compagnie, il y a eu 35 blessés et 11 morts ; et tous les jours il y en a, parce qu’ils nous envoient quelque chose comme obus. On a eu 3 capitaines de blessés et pas mal de lieutenants au bataillon…
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Col Sainte Marie, le 7 novembre 1914
Chère sœur.
Je suis en assez bonne santé, pour le moment. Mes pieds vont bien mieux. J’espère être remis sous peu. Chère sœur j’espère que ma présente carte te fera plaisir et qu’elle va te trouver en très bonne santé.
Je fini ma carte en t’embrassant à tout cœur. Ton frère qui pense à toi. F.A.
Carte postale à M. et Mme Aubert
Col Sainte Marie, le 14 novembre 1914
Chers parents.
Je m’empresse de vous remercier du colis que je viens de recevoir dans de bonnes conditions et qui m’a fait grand plaisir. Merci, heureux de voir que vous prenez soin de moi.
Chers parents, je vous prie de remercier pour moi la patronne à maman, qui a acheté de la laine pour me faire des chaussettes. J’en suis très reconnaissant. Je suis heureux de voir que l’on pense aux petits Alpins qui font leur devoir dans les Vosges et qui n’ont pas chaud dans les tranchées.
Chers parents, je suis en très bonne santé et j’espère que ma missive va vous trouver de même.
Votre fils qui vous remercie et pense à vous. François Aubert
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Col Sainte Marie, le 22 novembre 1914
Chère sœur.
Je suis, encore, en très bonne santé et j’espère que ma carte te trouvera de même, ainsi que papa et maman. Je te dirai que, de ce moment, on a très froid et on est dans la neige. Le thermomètre est à 8° en dessous de zéro. Tu vois que ça commence. Vivement que l’on aille au repos passer quelques bons jours ; on pense d’y aller au commencement du mois.
Ton frère qui t’embrasse. Aubert François.
Col Sainte Marie, le 7 novembre 1914
Chère sœur.
Je suis en assez bonne santé, pour le moment. Mes pieds vont bien mieux. J’espère être remis sous peu. Chère sœur j’espère que ma présente carte te fera plaisir et qu’elle va te trouver en très bonne santé.
Je fini ma carte en t’embrassant à tout cœur. Ton frère qui pense à toi. F.A.
Carte postale à M. et Mme Aubert
Col Sainte Marie, le 14 novembre 1914
Chers parents.
Je m’empresse de vous remercier du colis que je viens de recevoir dans de bonnes conditions et qui m’a fait grand plaisir. Merci, heureux de voir que vous prenez soin de moi.
Chers parents, je vous prie de remercier pour moi la patronne à maman, qui a acheté de la laine pour me faire des chaussettes. J’en suis très reconnaissant. Je suis heureux de voir que l’on pense aux petits Alpins qui font leur devoir dans les Vosges et qui n’ont pas chaud dans les tranchées.
Chers parents, je suis en très bonne santé et j’espère que ma missive va vous trouver de même.
Votre fils qui vous remercie et pense à vous. François Aubert
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Col Sainte Marie, le 22 novembre 1914
Chère sœur.
Je suis, encore, en très bonne santé et j’espère que ma carte te trouvera de même, ainsi que papa et maman. Je te dirai que, de ce moment, on a très froid et on est dans la neige. Le thermomètre est à 8° en dessous de zéro. Tu vois que ça commence. Vivement que l’on aille au repos passer quelques bons jours ; on pense d’y aller au commencement du mois.
Ton frère qui t’embrasse. Aubert François.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Saint Amarin, le 23 novembre 1914 (vallée de la Thur, à 8 km nord-ouest de Thann)
Chère sœur.
Je t’envoie en photo toute l’équipe de téléphonistes. Je te prie de la conserver, car c’est un souvenir. J’espère que tu vas me reconnaître. Mon grand copain Beynes est derrière la plaque où il y a Alpin, c'est-à-dire à droite de la plaque, et l’autre, qui devait venir me voir à Paris, est derrière lui. Celui qui est à côté de Beynes et qui a la croix de guerre, c'est le sergent.
Je suis en très bonne santé et vous désire de même. François
Saint Amarin, le 23 novembre 1914 (vallée de la Thur, à 8 km nord-ouest de Thann)
Chère sœur.
Je t’envoie en photo toute l’équipe de téléphonistes. Je te prie de la conserver, car c’est un souvenir. J’espère que tu vas me reconnaître. Mon grand copain Beynes est derrière la plaque où il y a Alpin, c'est-à-dire à droite de la plaque, et l’autre, qui devait venir me voir à Paris, est derrière lui. Celui qui est à côté de Beynes et qui a la croix de guerre, c'est le sergent.
Je suis en très bonne santé et vous désire de même. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Sainte Marie, le 29 novembre 1914
Bien le bonjour à tous. François
Le 2 décembre, trois compagnies du bataillon participent à l’attaque de la « Tête de Faux » et s’y maintiennent malgré les contre-attaques ennemies.
Le 19 décembre les compagnies sont relevées de la «Tête de Violu » et de la « Tête de Faux » pour quelques jours de repos à Corcieux.
Lettre à Mlle Yvonne Aubert
Corcieux, le 22 décembre 1914 (commune à 15 km de Gérardmer, Vosges)
Chère sœur.
J’ai peut-être bien tardé à vous écrire, mais tous ces jours je n’ai pas pu. On est tout de même arrivé à Corcieux depuis hier soir. Le départ a été annoncé subitement. On est parti avant-hier soir des tranchées et l’on a couché à Croix-aux-mines et, hier matin, on a fait le voyage de Corcieux.
On est logé dans les baraquements du 31e bataillon. On est pas mal. On a même des lits. Comme ville ce n’est pas grand, à peu près comme le bourg de Sannat et il fait froid. C’est situé sur un mamelon, tous les vents y prennent.
On ne sait pas le temps que l’on va rester, peut être pas longtemps. Il y a bien les 22e et 13e bataillon qui y avaient passé un mois, l’un après l’autre. Peut être que nous ce sera pareil. Il faut espérer. Seulement, s’il y a besoin de renforts d’un côté ou de l’autre, on aura vite pris le train.
Je viens de recevoir ta lettre du 14.
Tu me dis que tout le monde est content. C’est tout ce qu’il faut. Ça me fait plaisir.
J’ai donné le bonjour à mon copain. Ca lui a fait plaisir et, en échange, il vous envoie un affectueux bonjour aussi. Comme je vous l’ai dit, il a une assez bonne place.
Tu me dis de te dire ce que je fais. Il ya longtemps que vous savez que je suis téléphoniste. Il y a des moments que l’on est très bien, d’autres fois pas si bien. Le plus dangereux pour nous téléphonistes ce sont les obus, les balles moins. C’est une des meilleures place que l’on puisse avoir sur le front. Il y en a beaucoup qui voudraient l’avoir.
Tu me dis que vous suivez nos exploits au jour le jour. Nous, c’est pareil. Aux avants postes, on recevait le communiqué officiel tous les soirs à 9 ou 10 heures par téléphone. C’est vite arrivé de Paris.
Je t’enverrai des vues quand j’en aurai. Je ne m’en suis pas procuré encore.
On a été remplacé par de l’infanterie, le 343e. Les paysans n’étaient pas contents de nous voir partir. Ils n’avaient pas confiance aux bitaux (= mal lu ou argot ?)
Je fini en vous embrassant tous de tout cœur. François Aubert
Le 24 décembre au soir, le bataillon monte sur L’Hartmannswillerkopf et y creuse des tranchées. Le 27 décembre l’ennemi déclenche une violente attaque dans le bois de Wattwiller qui est repoussée.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Bois de Veiler, le 3 janvier 1915 (Weiler en allemand correspond à Willer sur Thur))
Chère sœur.
T’attends peut être encore des cartes, seulement ces temps, ce n’est pas bien le moment. C’est même difficile d’avoir des cartes.
Ton frère qui t’embrasse. François
Le 4 janvier, l’ennemi encercle le sommet de l’Hartmannswillerkopf défendu par une section de la 1e compagnie. Il est repoussé grâce à l’arrivée de renforts du bataillon.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Bois de Watweiller, le 8 janvier 1915 (Wattwiller est au pied de l’Hartmannswillerkopf)
Affectueux bonjour et bon souvenir d’Alsace. F.A.
Le 9 janvier, nouvelle attaque du sommet de l’Hartmannswillerkopf. La garnison résiste.
Le 19 janvier, nouvelle attaque qui isole la 1e compagnie. Malgré des contre-attaques les 20 et 21 janvier, les défenseurs de l’Hartmann ayant épuisé leurs vivres et leurs munitions et réduits à une poignée sont faits prisonniers le 22 janvier. Le 24 janvier, la 6e compagnie est attaquée dans « Le bois de Wattwiler ».
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 25 janvier 1915
Suis toujours en bonne santé. Bien le bonjour à tous. F.A.
Relevé quelques jours après le 24 janvier, le bataillon prend un peu de repos dans la vallée de Saint Amarin. Les combats qu’il vient de soutenir depuis le 25 décembre lui ont coûté des pertes importantes : 1 officier et 70 hommes tués, 3 officiers et 146 hommes blessés, 2 officiers et 198 hommes disparus, soit 420 officiers et hommes hors de combat !
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 28 février 1915, Osteinhütte et Osteinfelsen à Saint Amarin Chère sœur. Je viens de me procurer cette carte. Je te l’envoie de suite et je te prie de la conserver, car si j’ai le bonheur de revenir de cette guerre, je serai heureux de revoir ce rocher qui est dans le carré du bas. C’est un observatoire qui m’a, peut être, sauvé la vie, car je m’y suis abrité quelques fois pendant de terribles bombardements qui démolissaient toutes les tranchées. Tu me dis que t’as travaillé le jour du Mardi gras. Hé bien, moi je ne sais, même pas, s’il est passé. C’est bien malheureux, mais c’est comme ça. Je fini en t’embrassant de tout cœur. F.A |
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 31 février 1915 (date douteuse)
Chère sœur.
Je crois que, de ce moment, je fais mon possible pour vous faire part de mes nouvelles et vous pouvez croire que quand je reste longtemps, c’est que je ne peux pas faire autrement. Je suis encore au repos et je suis en très bonne santé. J’ai été heureux, en recevant une de tes lettres, ce matin, de voir que tu es en très bonne santé aussi, ainsi que papa et maman. Je te dirai que l’hiver se fait sentir ; il y a pas mal de neige et il fait un froid rigoureux.
Je fini en vous embrassant tous de tout cœur.
Ton frère qui pense à toi. F.A.
Le 14 mars, le bataillon quitte la vallée de la Thur et occupe le secteur de Breitfirst (1300 m d’altitude) secteur recouvert d’une épaisse couche de neige
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 18 mars 1915 (Kruth, commune de la Haute vallée de la Thur)
Chère sœur.
Je crois que tu vas être contente en recevant cette carte, car il y a déjà longtemps que tu n’en as pas reçu. Si je reste quelque temps à Krüth, j’espère pouvoir t’en envoyer quelques unes de temps en temps. Dans ce village, il n’y a que cette seule vue ; impossible d’en trouver d’autres, mais je pourrais, peut être, m’en faire apporter par les cyclistes, qui naviguent un peu partout. Je suis en très bonne santé.
Je fini en t’embrassant de tout cœur. Ton frère qui pense à toi. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 20 mars 1915,
Chère sœur. Je suis en très bonne santé. Bien le bonjour à tous. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 22 mars 1915
Chère sœur.
Je crois que tu seras contente, j’ai trouvé un ravitaillement de cartes que je vais t’expédier de temps en temps. C’est pas très joli, mais c’est tout ce que j’ai pu trouver. Ton frère F.A.
Le 31 février 1915 (date douteuse)
Chère sœur.
Je crois que, de ce moment, je fais mon possible pour vous faire part de mes nouvelles et vous pouvez croire que quand je reste longtemps, c’est que je ne peux pas faire autrement. Je suis encore au repos et je suis en très bonne santé. J’ai été heureux, en recevant une de tes lettres, ce matin, de voir que tu es en très bonne santé aussi, ainsi que papa et maman. Je te dirai que l’hiver se fait sentir ; il y a pas mal de neige et il fait un froid rigoureux.
Je fini en vous embrassant tous de tout cœur.
Ton frère qui pense à toi. F.A.
Le 14 mars, le bataillon quitte la vallée de la Thur et occupe le secteur de Breitfirst (1300 m d’altitude) secteur recouvert d’une épaisse couche de neige
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 18 mars 1915 (Kruth, commune de la Haute vallée de la Thur)
Chère sœur.
Je crois que tu vas être contente en recevant cette carte, car il y a déjà longtemps que tu n’en as pas reçu. Si je reste quelque temps à Krüth, j’espère pouvoir t’en envoyer quelques unes de temps en temps. Dans ce village, il n’y a que cette seule vue ; impossible d’en trouver d’autres, mais je pourrais, peut être, m’en faire apporter par les cyclistes, qui naviguent un peu partout. Je suis en très bonne santé.
Je fini en t’embrassant de tout cœur. Ton frère qui pense à toi. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 20 mars 1915,
Chère sœur. Je suis en très bonne santé. Bien le bonjour à tous. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 22 mars 1915
Chère sœur.
Je crois que tu seras contente, j’ai trouvé un ravitaillement de cartes que je vais t’expédier de temps en temps. C’est pas très joli, mais c’est tout ce que j’ai pu trouver. Ton frère F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert Carte non datée, resituée en mars1915 Chère sœur. Je suis en très bonne santé et vous désire de même. Je suis toujours à mon bon poste. Je ne sais, encore, pour combien. Je peux te dire que je n’ai jamais passé du si bon temps en guerre. De ce moment, il fait un temps assez changeant. Il pleut encore souvent. Je fini en vous embrassant tous de tout cœur. Ton frère qui t’aime bien. F.A. Je t’envoie l’église de Thann. Elle existe encore. Les Allemands ne l’ont pas encore démolie. Mais elle ne perd rien pour attendre. |
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 29 mars 1915
Bien le bonjour du front. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 10 avril 1915
Bien le bonjour du front. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 15 avril 1915
Chère sœur.
Je suis en très bonne santé et toujours au même endroit.
C’est la fine planque. Je ne m’en fais pas, en attendant la paix va venir.
Je fini en vous embrassant tous de tout cœur. François
Le 17 avril, le bataillon attaque le Schnepfenriedkopf, piton sur lequel les Allemands ont un observatoire de premier ordre et installé une redoute formidable. Le bataillon avance de 3 km en direction de Metzeral, fait de nombreux prisonniers. Les pertes humaines sont importantes 3 officiers et 35 hommes tués, 2 officiers et 272 hommes blessés, soit 312 hommes hors de combat.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 19 avril 1915
Chère sœur.
J’ai quitté la vallée avant-hier et, de ce moment, je suis en contact avec les boches. On est après les bousculer. On a pas mal avancé et pris deux canons de 74, deux mitrailleuses et des prisonniers. On n’en est pas moins fier pour ça. Je suis en très bonne santé. Quand même seulement ça ne vaut pas la vallée. Il y a, encore, plus d’un mètre de neige où je suis.
Enfin, je fini en vous embrassant de tout cœur. F.A.
Le 20 avril, le bataillon reçoit l’ordre d’attaquer « La côte 955», piton qui constituait la dernière défense allemande à l’ouest de Metzeral (vallée de Munster). L’attaque est repoussée et les pertes sont sévères : 4 officiers et 58 hommes tués, 2 officiers et 93 hommes blessé et 3 hommes disparus, soit 160 hommes hors de combat
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 23 avril 1915
Bien des choses à tous. F.A.
Carte postale à M. et Mme Aubert
Le 28 avril 1915
Chers parents.
Je suis en très bonne santé, malgré ces sales boches qui ne peuvent pas nous laisser tranquilles. Je vous dirai que le temps à l’air de s’améliorer un peu. Voilà deux jours qu’il fait à peu près bon, mais savoir si ça va durer. Pourtant ce serait bien à souhaiter pour que l’on mette, encore, une bonne pile aux boches.
Je fini en vous embrassant de tout cœur. François
Le 7 mai, le bataillon reprend l’attaque de « La côte 955 » et progresse de 300 m. Les pertes humaines sont sensibles : 1 officier et 21 hommes tués, 2 officiers et 36 hommes blessés, soit 60 hommes hors de combat.
Le bataillon est ensuite quelques jours au repos, dans les bois, à un kilomètre des lignes.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 14 mai 1915
Bien des choses et bons baisers des bois de Métzeral. François
Le 27 mai, le bataillon reprend l’attaque de « La côte 955 ». L’ennemi est submergé par les vagues d’assaut. La défense tenace de l’ennemi coûta la perte de 62 tués et de 25 blessés
Le 29 mai, après une violente préparation d’artillerie, une contre-attaque allemande échoue mais coûte la perte de 2 officiers et 11 hommes tués, et 46 blessés.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 29 mai 1915
Chère sœur. Je suis en très bonne santé.
Bien le bonjour à tous. Bon souvenir. François
Suite à la prise de « La côte 955 », le bataillon est mis au repos au milieu des bois à quelques centaines de mètres des lignes jusqu’au 20 juin
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 3 juin 1915
Bon souvenir des Vosges. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 16 juin 1915
Bien le bonjour à tous. François
Le 21 juin, le bataillon participe à l’enlèvement de Sondernach, puis de Metzeral.
Le 22 juin, le bataillon reçoit l’ordre de reprendre l’attaque et de s’emparer des hauteurs à l’Est de Metzeral, entre le mamelon dit du « Kiosque » et « La côte 664 ».
Relevé le 23 juin, le bataillon est mis au repos dans la haute vallée de la Fecht à Mittlach.
Le 29 juin, deux compagnies participent à une contre-attaque pour reprendre « La côte 664 » conquise par les Allemands.
Du 29 juin au 8 octobre, le bataillon reste accroché au flanc d’une crête rocheuse où tout mouvement de jour est impossible … avec une chaleur accablante et les grands jours d’été.
Carte postale à Mme Annette Aubert
Le 2 juillet 1915
Chère maman.
Je suis heureux que tes patronnes s’intéressent à moi et qu’elles ont pitié des diables bleus, qui font bravement leur devoir, en te chargeant de m’expédier différentes choses qui m’ont fait grand plaisir. Je te prie de leur dire que je leur suis très reconnaissant et que je leur fait part de mes plus sincères remerciements. Ton fils tout dévoué. François Aubert
Le 22 juillet, après trente minutes d’un bombardement intense, l’ennemi occupe « La côte 664 », puis est repoussé par une contre-attaque.
Lettre à Mlle Yvonne Aubert
Le 11 août 1915
Chère sœur, je te prie de m’excuser si je retarde un peu la correspondance, car ces jours ci on a eu beaucoup de changement. Même n’étant pas habitué à marcher beaucoup. Aussitôt que l’on fait une étape ou deux, on en rote comme des pauvres bougres.
Je te dirais que l’on a repris notre ancien secteur, mais il parait s’être amélioré un peu. On n’a pas eu ce que l’on pensait en passant dans la vallée.
Chère sœur, je te remercie de t’être empressée pour m’envoyer mon mandat, qui m’a bien fait plaisir. Mais malheureusement, je n’en ai pas profité comme je croyais. Enfin, ça me servira pour aller en permission, pour faire un petit voyage agréable. Mais je ne sais pas, encore, quand j’irai. Je te dirai que j’ai reçu toutes tes lettres. Tu as l’air étonnée que l’adresse n’ait pas changé. Mais je te dirai que l’on peut changer de secteur sans changer le secteur postal. Quand j’ai reçu la lettre que j’ai vu 149, j’ai bien vu que tu t’étais basé là-dessus, mais ce n’est pas ça qui peut faire perdre une lettre. c‘est vite changé à l’encre rouge.
Chère sœur, je suis très touché d’apprendre la mauvaise nouvelle de ton pauvre parrain. Mais nous on est vite consolé, car on en voit tellement tous les jours, malheureusement. Puis on est tous au même sort, c’est juste une question de temps.
Chère sœur, je vous remercie de m’avoir envoyé Le Limousin de Paris, j’y ai vu pas mal de choses. D’abord ce que vous avez souligné, les deux sous lieutenants que je connais très bien. Mais il y en a, déjà, un de blessé à la tête, il ne voit presque rien. L’autre est, encore, en bonne santé. J’y ai vu, aussi, plusieurs camarades qui sont morts au bataillon.
Il ne faut pas que j’oublie de vous dire que l’on a eu l’honneur de voir Monsieur Poincaré, qui est venu nous rendre visite.
Je ne vois plus grand-chose à vous faire part que je fini ma lettre en vous embrassant tous de tout cœur. Bien des choses chez Monsieur Partal et à la tante si vous avez l’occasion de la voir.
Ton frère tout dévoué. François
Kruth, le 29 mars 1915
Bien le bonjour du front. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 10 avril 1915
Bien le bonjour du front. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 15 avril 1915
Chère sœur.
Je suis en très bonne santé et toujours au même endroit.
C’est la fine planque. Je ne m’en fais pas, en attendant la paix va venir.
Je fini en vous embrassant tous de tout cœur. François
Le 17 avril, le bataillon attaque le Schnepfenriedkopf, piton sur lequel les Allemands ont un observatoire de premier ordre et installé une redoute formidable. Le bataillon avance de 3 km en direction de Metzeral, fait de nombreux prisonniers. Les pertes humaines sont importantes 3 officiers et 35 hommes tués, 2 officiers et 272 hommes blessés, soit 312 hommes hors de combat.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 19 avril 1915
Chère sœur.
J’ai quitté la vallée avant-hier et, de ce moment, je suis en contact avec les boches. On est après les bousculer. On a pas mal avancé et pris deux canons de 74, deux mitrailleuses et des prisonniers. On n’en est pas moins fier pour ça. Je suis en très bonne santé. Quand même seulement ça ne vaut pas la vallée. Il y a, encore, plus d’un mètre de neige où je suis.
Enfin, je fini en vous embrassant de tout cœur. F.A.
Le 20 avril, le bataillon reçoit l’ordre d’attaquer « La côte 955», piton qui constituait la dernière défense allemande à l’ouest de Metzeral (vallée de Munster). L’attaque est repoussée et les pertes sont sévères : 4 officiers et 58 hommes tués, 2 officiers et 93 hommes blessé et 3 hommes disparus, soit 160 hommes hors de combat
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 23 avril 1915
Bien des choses à tous. F.A.
Carte postale à M. et Mme Aubert
Le 28 avril 1915
Chers parents.
Je suis en très bonne santé, malgré ces sales boches qui ne peuvent pas nous laisser tranquilles. Je vous dirai que le temps à l’air de s’améliorer un peu. Voilà deux jours qu’il fait à peu près bon, mais savoir si ça va durer. Pourtant ce serait bien à souhaiter pour que l’on mette, encore, une bonne pile aux boches.
Je fini en vous embrassant de tout cœur. François
Le 7 mai, le bataillon reprend l’attaque de « La côte 955 » et progresse de 300 m. Les pertes humaines sont sensibles : 1 officier et 21 hommes tués, 2 officiers et 36 hommes blessés, soit 60 hommes hors de combat.
Le bataillon est ensuite quelques jours au repos, dans les bois, à un kilomètre des lignes.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 14 mai 1915
Bien des choses et bons baisers des bois de Métzeral. François
Le 27 mai, le bataillon reprend l’attaque de « La côte 955 ». L’ennemi est submergé par les vagues d’assaut. La défense tenace de l’ennemi coûta la perte de 62 tués et de 25 blessés
Le 29 mai, après une violente préparation d’artillerie, une contre-attaque allemande échoue mais coûte la perte de 2 officiers et 11 hommes tués, et 46 blessés.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 29 mai 1915
Chère sœur. Je suis en très bonne santé.
Bien le bonjour à tous. Bon souvenir. François
Suite à la prise de « La côte 955 », le bataillon est mis au repos au milieu des bois à quelques centaines de mètres des lignes jusqu’au 20 juin
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 3 juin 1915
Bon souvenir des Vosges. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 16 juin 1915
Bien le bonjour à tous. François
Le 21 juin, le bataillon participe à l’enlèvement de Sondernach, puis de Metzeral.
Le 22 juin, le bataillon reçoit l’ordre de reprendre l’attaque et de s’emparer des hauteurs à l’Est de Metzeral, entre le mamelon dit du « Kiosque » et « La côte 664 ».
Relevé le 23 juin, le bataillon est mis au repos dans la haute vallée de la Fecht à Mittlach.
Le 29 juin, deux compagnies participent à une contre-attaque pour reprendre « La côte 664 » conquise par les Allemands.
Du 29 juin au 8 octobre, le bataillon reste accroché au flanc d’une crête rocheuse où tout mouvement de jour est impossible … avec une chaleur accablante et les grands jours d’été.
Carte postale à Mme Annette Aubert
Le 2 juillet 1915
Chère maman.
Je suis heureux que tes patronnes s’intéressent à moi et qu’elles ont pitié des diables bleus, qui font bravement leur devoir, en te chargeant de m’expédier différentes choses qui m’ont fait grand plaisir. Je te prie de leur dire que je leur suis très reconnaissant et que je leur fait part de mes plus sincères remerciements. Ton fils tout dévoué. François Aubert
Le 22 juillet, après trente minutes d’un bombardement intense, l’ennemi occupe « La côte 664 », puis est repoussé par une contre-attaque.
Lettre à Mlle Yvonne Aubert
Le 11 août 1915
Chère sœur, je te prie de m’excuser si je retarde un peu la correspondance, car ces jours ci on a eu beaucoup de changement. Même n’étant pas habitué à marcher beaucoup. Aussitôt que l’on fait une étape ou deux, on en rote comme des pauvres bougres.
Je te dirais que l’on a repris notre ancien secteur, mais il parait s’être amélioré un peu. On n’a pas eu ce que l’on pensait en passant dans la vallée.
Chère sœur, je te remercie de t’être empressée pour m’envoyer mon mandat, qui m’a bien fait plaisir. Mais malheureusement, je n’en ai pas profité comme je croyais. Enfin, ça me servira pour aller en permission, pour faire un petit voyage agréable. Mais je ne sais pas, encore, quand j’irai. Je te dirai que j’ai reçu toutes tes lettres. Tu as l’air étonnée que l’adresse n’ait pas changé. Mais je te dirai que l’on peut changer de secteur sans changer le secteur postal. Quand j’ai reçu la lettre que j’ai vu 149, j’ai bien vu que tu t’étais basé là-dessus, mais ce n’est pas ça qui peut faire perdre une lettre. c‘est vite changé à l’encre rouge.
Chère sœur, je suis très touché d’apprendre la mauvaise nouvelle de ton pauvre parrain. Mais nous on est vite consolé, car on en voit tellement tous les jours, malheureusement. Puis on est tous au même sort, c’est juste une question de temps.
Chère sœur, je vous remercie de m’avoir envoyé Le Limousin de Paris, j’y ai vu pas mal de choses. D’abord ce que vous avez souligné, les deux sous lieutenants que je connais très bien. Mais il y en a, déjà, un de blessé à la tête, il ne voit presque rien. L’autre est, encore, en bonne santé. J’y ai vu, aussi, plusieurs camarades qui sont morts au bataillon.
Il ne faut pas que j’oublie de vous dire que l’on a eu l’honneur de voir Monsieur Poincaré, qui est venu nous rendre visite.
Je ne vois plus grand-chose à vous faire part que je fini ma lettre en vous embrassant tous de tout cœur. Bien des choses chez Monsieur Partal et à la tante si vous avez l’occasion de la voir.
Ton frère tout dévoué. François
Carte postale à M. et Mme Aubert
Le 18 août 1915 Bien le bonjour à tous. François Carte postale à Mlle Yvonne Aubert Le 18 août 1915 Je te fais part de ces quelques mots pour te dire que je suis en très bonne santé et toujours au même endroit. Ayant trouvé quelques cartes postales, je t’en fais part de deux pour mettre dans ton album. Ton frère qui t’embrasse bien fort. François Carte postale à Mlle Yvonne Aubert Le 24 août 1915 Chère sœur. J’espère que tu va être contente en recevant cette lettre qui contient cette petite bague tant réclamée. Seulement, je crains qu’elle soit un peu petite et qu’elle n’arrive pas, mais je suis obligé de te l’envoyer car je ne sais encore quand j’irai en perme. Fais-moi réponse aussitôt que tu l’auras reçue et dis moi si elle va bien et si elle te convient. Ton petit frère qui pense à toi et t’embrasse bien. François |
Carte postale à M. et Mme Aubert
Le 24 août 1915
Bien le bonjour de votre fils qui pense à vous et qui est en très bonne santé
Bons baisers. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 27 août 1915
Affectueux bonjour d’Alsace. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 3 septembre 1915
Je t’envoie ces deux mots pour te dire que je suis en très bonne santé et vous désire tous de même. Bons baisers à tous. François
Lettre à Mlle Yvonne Aubert
Les Vosges, le 6 septembre 1915
Chère sœur.
Je viens de recevoir ta lettre du 30, où je vois que je n’ai pas bien tombé dans le panneau pour faire ta bague. Enfin, je vais te dire que c’est un petit malheur car les boches nous envoient tous les jours de l’aluminium et, encore, d’assez gros morceaux. J’espère t’en trouver un de dimension pour t’en faire une et sous peu tu pourras te balader dans Paris avec. Et je pense que maman sera servie à souhaits, aussi.
Chère sœur, tu me félicites pour l’emballage. Au moins, je comprends ça, car tout le monde ne peut pas en faire autant. Enfin, je te remercie quand même, car la délicatesse on s’en fout, on est en guerre. Tu veux savoir à quoi servent ces fils. C’est bien simple, c’est simplement une usine de tissage qui s’est aperçue de la guerre, tout est démoli par la mitraille et les balles de coton sont toute en l’air. Ceux qui sont à côté couchent dessus, mais c’est plein de poux. Mais je ne crois pas qu’il en soit parti dans la lettre avec ta bague, car tu t’en serais bien aperçue. Quant à nous, on n’y fait plus attention, on en a tellement.
Je te dirai que tu as bien fait de garder les 5 francs de la tante, car j’en ai pas besoin de ce moment, car on ne peut rien trouver. Le village le plus près où l’on pourrait trouver quelque chose est à une journée de marche. Mais on n’a pas changé de secteur … on est toujours au même endroit et je crois, même, qu’à présent on va y rester encore longtemps.
Dans le temps, tu me demandais tous les combiens que l’on allait au repos. Je n’ai pas, encore, pu te le dire, car depuis on n’y a pas été et quand on ira, je te le dirai.
J’espère écrire à la tante un de ces jours. Quant à la perm, je ne connais pas, encore, le jour de départ. Je pense bien que ça va être sous peu, car je vois mon tour arriver. Mais il y en a, encore, quelques uns à passer avant. Ca va par ancienneté et par grade. Il y a, encore, des caporaux à partir et comme moi je ne suis que 1ère classe je viens qu’après.
Chère sœur, je ne vois plus grand chose à te raconter pour cette fois, mais, enfin, je crois qu’avec ça tu vas te contenter, car tous les jours t’en reçois pas si long et j’espère que tu ne seras pas trop offensée. Je finis cette lettre en vous embrassant tous de tout cœur, en attendant le plaisir de se balader ensemble à Pantruche (Paris en argot du début du 20ème siècle).
Ton frère qui t’aime bien. François
Lettre à M. et Mme Aubert
Les Vosges, le 18-19-1915 (= date erronée ? reclassée au 18-9-1915)
Chers parents.
Je vous envoie ces quelques mots pour vous mettre au courant de ma santé.
Je vous dirai que ça ne va pas plus mal. Au contraire, je tousse moins et j’ai, aussi, moins de fièvre. Même, je commence à mettre un peu de pain dans mon bouillon. J’espère que cela ne sera pas grand-chose et que dans 6 ou 7 jours ça va être fini. Ce qui est embêtant, c’est que ça fait rater ma perme. Sans ça, je serai, peut être, parti demain. Mais je ne sais s’ils vont partir, car il devait en partir une équipe hier soir et ça a été retardé. Je ne sais pas, encore, s’ils partent ce soir.
Chers parents, j’aurai préféré d’un côté partir ce coup là, car je ne crois pas que l’on va toujours rester en Alsace. Après, les permissions seront, peut être, finies.
Je vous dirai qu’en Alsace, il fait assez beau. Il ne pleut même pas souvent de ce moment, ce qui est préférable pour les tranchées. Mais de ce moment, j’en suis à 1500 mètres.
Il y a Yvonne qui me demandait de lui raconter la vie de la tranchée. Mais je crois que ce n’est guère la peine, car ça serait trop long et, en plus de ça, vous ne voudriez pas, seulement, le croire, car où l’on se trouve de ce moment, et ça fait même déjà longtemps, ce n’est guère amusant, ni appétissant.
Il y a Mlle (illisible) qui m’a fait réponse, hier, et elle m’a fait expédier un colis.
Je vous dirais que les bagues sont faites. Je compte pouvoir vous les faire porter par mon copain qui va en perme à Paris et qui doit partir demain soir. Mais il va passer dans la Corrèze. Il y reste deux jours et il va, ensuite, à Paris. Il ira vous voir.
Je suis très reconnaissant du bonjour du petit aveugle, mais que je ne connais, surement, pas.
Je ne vois plus grand-chose à vous faire part pour le moment que je finis ma lettre en vous embrassant tous de tout cœur. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert Le 18-19-15 (= date erronée, reclassée au 18-9-1915) Bon souvenir d’Alsace. François Carte postale à Mlle Yvonne Aubert Le 26 septembre 1915 Chère sœur. Je te fais part de ces deux mots à la hâte pour te dire que je suis en bonne santé et à peu près remis de ma bronchite. Je fini en vous embrassant tous de tout cœur. François |
Le 8 octobre, le bataillon est relevé et prend du repos dans la vallée de la Thur à Saint Amarin, puis est mis en réserve à l’Hartmannswillerkopf.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 13 octobre 1915
Chère sœur.
Ces quelques mots pour te dire que je suis en bonne santé et que je ne m’en fais pas au repos. Pourvu que ça dure. Je t’écrirai plus longuement demain.
Bien des baisers à tous. François.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 18 octobre 1915
Chère sœur.
Je suis, encore, en bonne santé et, toujours, dan la vallée, au repos. Mais il a été troublé un peu par une alerte. Car avec cet Hartmannswiller, il n’y a pas la vie, c’est toujours attaques sur contre attaques. Les boches ne l’ont pas gardé et le tout c’est bien passé. Mais je ne crois pas que notre repos dure beaucoup à présent.
Chère sœur c’est bien ennuyeux que ces bagues ne soient pas arrivées. Il faut espérer qu’elles arriveront encore. Je te prie de m’envoyer l’adresse de la patronne de maman, Mlle (illisible) pour la remercier. Il y a longtemps que j’ai perdu l’adresse. Pour le moment, il ne me manque pas grand-chose. J’ai encore le réchaud et de l’alcool, c’est assez facile d’en avoir.
Tout ce qu’il me faudrait c’est un jeu de cartes pour passer le temps dans la tranchée à faire la manille. Si tu m’en envoyais un jeu par la poste tu me ferais plaisir.
Bons baisers à tous. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 21 octobre 1915
Chère sœur.
Je suis, toujours, en très bonne santé et dans la vallée. Il faut espérer que ça va durer encore quelques jours. Les boches nous envoient bien quelques obus, mais c’est pas ce qui nous dérange beaucoup.
Quant aux hauts de chaussettes, je n’en ai pas. Voilà plus de 4 mois que j’en porte pas.
Je voudrais bien que les bagues arrivent, car pour en faire une (illisible) on ne passe pas son temps à (illisible). Il y a mieux à faire.
Je viens d’apprendre que Frédéric est blessé. Mon copain de la rue Mademoiselle (illisible) il a subi une opération et il s’attend à en subir une autre. Il a, encore, un éclat d’obus dans la jambe.
J’espère que mon jeu de carte est parti et qu’elles sont jolies.
Bien des choses à tous. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Dimanche, 24 octobre 1915
Chère sœur.
Je suis toujours en excellente santé et encore dans la vallée et je ne m’en fais pas beaucoup. D’ailleurs, c’est bien le moment d’en profiter. Car une fois la haut, on sera privé de beaucoup de choses, mais pas privés de mitraille.
Je vous dirai que les permissionnaires sont partis il y a déjà trois jours. Mais, moi je ne sais, encore, quand j’irai. Mais il faut espérer que ce sera sous peu.
Chère sœur, les nuits ne sont pas chaudes en Alsace. Il commence à geler. Il doit pas faire bon dans la tranchée. J’ai écrit, hier, à la tante pour la remercier.
Je fini ma carte en vous embrassant tous bien fort.
Ton frère affectionné. François.
Bien le bonjour chez madame Portal
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 10 novembre 1915
Chère sœur.
Ces quelques mots pour te dire que je suis en très bonne santé et encore dans la vallée, mais un peu plus loin. Je te dirai qu’en Alsace il fait un temps affreux. Tous les jours de l’eau. C’est tout à fait dégoutant. Si ça continue les tranchées seront vite pleines d’eau. Je reçois bien les annales et même l’autre jour, j’en ai reçu une douzaine d’avance.
Je ne sais pas si vous m’écrivez souvent où si les lettres se perdent. Mais en tout cas, je n’en reçois pas souvent. Depuis que je suis revenu de perme. j’en ai reçu quatre, pas plus.
Bien des choses à tous. François.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Saint Amarin, le 16 novembre 1915
Bien le bonjour à tous de Saint Amarin. François
A partir du 1er décembre, le bataillon opère une relève sur les flancs de l’Hartmannswillerkopf, en face du rocher de l’Hirzstein et dans le bois de Wattwiller.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert - (vue de Bischwiller)
Le 15 décembre 1915 Bon souvenir d’une ville d’Alsace. François Le 21 décembre, le bataillon attaque le rocher de l’Hirzstein sur les flancs sud de l’Hartmannswillerkopf. L’ennemi est nettement dominé par l’allant des chasseurs. Il laisse 150 prisonniers et de nombreuses mitrailleuses. De son côté, le 28e a perdu peu de monde (75 hommes seulement). Mais l’ennemi s’est repris… A partir du 23 décembre un déluge d’acier s’abat sur nos tranchées … Le 28 décembre, le bataillon est, enfin, relevé et se rend, à quelques centaines de mètre des premières lignes, dans le bois de Watwiler, … en réserve de division. |
François AUBERT est cité à l’ordre du bataillon :
«Téléphoniste zélé et brave s’est particulièrement distingué, pendant les combats du 21 au 28 décembre 1915, en réparant à plusieurs reprises tous les jours, sous un violent bombardement, les lignes téléphoniques du bataillon.
Le 8 janvier, l’ennemi ayant repris les tranchées que le 28e lui avait enlevées le 21 décembre, le bataillon remet en état les tranchées qu’il occupait avant le 21 décembre.
Le 29 janvier, le bataillon est mis au repos pendant six semaines.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Kruth, le 22 février 1916
J’ai bien reçu la petite boite que tu me parles avec le briquet. C’est même étonnant que vous n’ayez pas reçu ma lettre qui en parlait. J’avais écrit, aussitôt, car ça m’a bien fait plaisir.
Je suis en très bonne santé et il fait un temps superbe dans la vallée.
Bien des choses à tous. Ton frère. F.A.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 28 février 1916
Chère sœur.
Ces quelques mots, à la hâte, pour vous dire que je suis en très bonne santé et toujours au repos ! … mais ne soyez pas trop inquiets en cas de retard de correspondance pendant quelques jours.
Bons baisers à tous. François
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 6 mars 1916
Ma chère sœur.
Je te fais part de quelques mots pour te dire que je suis en très bonne santé. Mais la bonne vie de repos est finie, on va reprendre la vie de tranchée, demain à 16h. Le secteur est assez tranquille, mais ce qui est ennuyeux c’est le temps, tous les jours de la neige ou de l’eau qui est glacée. Au repos on se défendait assez facilement, mais là haut ce ne sera pas ainsi.
Bien des choses à tous et bons baisers. Ton frère qui t’aime bien François.
Du 7 au 17 mars, le bataillon est chargé d’occuper à nouveau le secteur à l’est de Metzeral, depuis le mamelon du « Kioske » jusqu’au sud de « La côte 664). Puis est ramené de nouveau à l’Hartmannswillerkopf où il finit d’organiser défensivement le secteur du « Rehfelsen ».
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 13 mars 1916
Bien le bonjour à tous. Je suis en très bonne santé et vous désire tous de même. François.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 16 mars 1916
Chère sœur.
Je suis en très bonne santé pour le moment. Je suis de retour dans la vallée pour 2 ou 3 jours et, ensuite, on change d’endroit, mais pas loin.
Bien des choses à tous. François.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 22 mars 1916
Je suis toujours en très bonne santé, pour le moment. On monte, ce soir ; aux tranchées à l’Hart. Je vous écrirai plus longuement demain. F.A.
Le 1er avril, un tir effroyable s’abat sur les tranchées qui prises en enfilade sont nivelées. Les abris s’effondrent ensevelissant hommes et matériel.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Sur la carte il marque d’une croix le « Rehfelsen ». Le 8 avril 1916 à 21h30 Bien le bonjour d’Alsace. François. Carte postale à Mlle Yvonne Aubert Le 10 avril 1916 J’ai reçu l’adresse du commis, mais je croyais qu’il était au 57eet tu me dis qu’il est au 67e. J’en ai pas connaissance de mon côté de régiment. Je suis toujours en excellente santé et vous désire de même. François. |
Carte postale à ??
Le 14 avril 1916
Je suis toujours en excellente santé et à la veille d’aller au repos pour quelques jours. Je viens de recevoir un colis de La Bessède, un bout de salé, un fromage excellent et tabac. Ca doit être Mélanie qui leur a donné l’envie car je l’avais bien remerciée de son salé.
Je vous dirai que le temps s’est bien changé en Alsace. Hier et cette nuit, il a fait un vent terrible et, aujourd’hui, il tombe de la neige à plein temps. Mais je ne crois pas qu’elle reste car elle a l’air de fondre à mesure. Mais, c’est un temps dégoutant pour la tranchée.
Plus grand-chose pour le moment.
Bien le bonjour et bons baisers à tous. François.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 25 avril 1916
Ma chère sœur.
J’ai reçu ton colis, hier, et le tout était excellent. Je conserve la sauce pour le casse croûte du matin. Je m’empresse de te remercier de ton aimable idée. Tu es bien gentille d’avoir pensé à moi pour Pâques. Comme fête, on s’est contenté de manger du singe ou de la morue. J’espère que vous n’en avez pas fait autant. Enfin, c’est la guerre.
Si ça continue, comme ça marche à présent, je crois que, la semaine prochaine, je serai auprès de vous pour 8 jours.
En attendant, je suis au repos et vous embrasse tous bien fort.
Ton petit frère bien affectionné. François.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 27 avril 1916
Je suis en très bonne santé.
Bien des choses à tous et à bientôt. François.
Du 6 mai au 23 juillet, le bataillon est chargé d’occuper le secteur du Judenhut, sur les pentes nord-est du Ballon de Guebwiller, sous de grandes forêts, un site magnifique et tranquille.
Lettre à Mlle Yvonne Aubert
Les Vosges, le 5 juin 1916
Ma chère sœur.
Je regrette beaucoup de t’avoir tant vexée en te disant que tu étais un peu négligente. Je te demande mille excuses. Tu peux passer un peu là dessus car je t’ai simplement dit cela pour que tu me l’envoies le plus tôt possible, tout en te taquinant un peu.
Enfin, à présent, j’ai l’adresse et j’espère que tout cela va être oublié et que tu ne m’en veux plus. N’est ce pas ?
Je te dirai que je suis, toujours, au même endroit et, toujours très tranquille. Un peu de travail, mais c’est la santé et à part ça c’est épatant.
C’est bien la première fois que l’on tombe sur un coin comme cela et, surement, que ce sera bien le dernier, car ils sont rares. On n’est pourtant pas loin du Vieil Armand. On le sait comme si on y était, mais c’est la nuit contre le jour. Encore, hier, il n’y faisait pas bon, il a reçu quelque chose comme marmitage. On entendait et on voyait très bien.
Je ne sais le temps que l’on va rester. Je n’ai aucun tuyau là-dessus, mais ce qu’il y a de sûr pour nous, c’est que le plus longtemps ce sera le meilleur.
Bien entendu que l’on n’est pas exempt de marmites, mais elles ne sont pas obligées de nous attraper. Il y a tellement de place à côté. D’ailleurs, ils en ont bien, déjà, balancé pas mal et nous n’avons eu qu’un blessé très légèrement au bataillon.
Quant à la température, ça laisse à désirer, beaucoup à désirer. Il fait, plutôt, froid. Ces jours ci, il pleut presque tous les jours et, même, il a tombé de la neige toute la nuit. Elle n’a pas resté vu que c’est un peu mouillé et ce n’est pas la saison non plus, mais on aurait bien dit une nuit d’hiver quand même.
Plus grand-chose de nouveau à vous faire part, pour le moment. J’espère que ma lettre va vous trouver tous en aussi bonne santé qu’elle me quitte.
Bons baisers à tous. François Aubert.
Lettre à Mlle Yvonne Aubert
Epinal, le 3 juillet 1916
Ma bien chère sœur,
Tu me demandes ce que je deviens vu que je ne donne pas souvent de mes nouvelles. Tu crois, sans doute, qu’il ya un peu de négligence de ma part. Je n’en doute pas.
Je te dirai que tu n’as pas tous les tords. Il y en a un peu, mais, de ce moment, nous sommes bien occupés, nous avons bien fini les étapes, mais tous les jours, du matin au soir, on est à l’exercice. Ce n’est pas très pénible, mais il faut le faire et il fait tellement chaud que ça nous travaille beaucoup.
Je vais te raconter une petite manœuvre que l’on fait pendant 3 jours. Le matin à 5 h, on part en auto. C’est assez intéressant, on traverse Epinal et l’on va au champ d’aviation faire des exercices de signalisation avec les aéros jusqu’à 9h30. Ca marche très bien. Ensuite, on revient en auto pour manger et l’on repart à 12h30 pour aller faire des exercices de signalisation avec un ballon qui se trouve sur un fort et l’on revient juste pour manger la soupe. Tu vois que la journée est bien occupée. On a juste un petit moment, le soir, pour aller boire un bock. A présent, on va faire les exercices de brigades, on n’a pas fini de courir, non plus.
Je pense rester, encore, ici, au moins 11 jours. Après, je n’en sais rien. Il y a, tellement, de canards que l’on ne connaît pas le bon. A présent, ce n’est pas sûr que je vois ton filleul, malgré que j’aimerai autant.
Quant aux cadeaux, ce n’est guère le moment, mais ne désespérons pas quand même, ça viendra un jour si les bôches ne me descendent pas. Tu me dis que la tante m’envoi 5 francs, mais je ne les ai pas vu. Etaient-ils dans ta lettre ?
Je viens de recevoir le colis de l’Hollandaise et je lui écris de suite.
Non, mais dit donc, tu n’y penses plus d’aller tourner de l’œil sur le balcon. J’espère que tu en es bien remise quand même et que la Croix Rouge n’a pas eu besoin de se déranger.
Quant aux bonnes langues, dont tu me parles, elles ont bien du temps de reste de s’occuper de moi, car, de ce moment, une fiancée c’est le plus moindre de mes soucis. D’ailleurs, puisque la guerre ne veut pas finir, il n’y a pas à penser à l’avenir et ne crois pas que je désespère là dessus. Il y en aura toujours assez, si je reviens, car ils ont envie de nous éclaircir encore et (illisible). Et pour Bertha, c’est bien la même chose, elle en a trouvé avant moi, elle en trouvera après. Ne t’en fais pas pour ça, c’est la guerre ! …
Je te dirai que j’ai bien reçu les nouvelles de l’Estrade, mais malheureusement bien tristes. Je m’en doutais bien, lorsque j’ai su qu’il était blessé, car comme son camarade leur avait annoncé ça en avait tout l’air.
Bons baisers à tous. François.
Je vous joins les dernières nouvelles de l’Estrade.
Lettre à M. et Mme Aubert
Le 7 juillet 1916
Chers parents.
Ces quelques mots pour vous dire que je suis toujours en excellente santé et vous désire tous de même.
Je suis, toujours, au même endroit dans les Vosges entrain de faire des manœuvres. On mouille bien la liquette, mais ça peut faire quand même; ça vaut mieux que les obus.
Je compte partir vendredi. Je pourrai des fois venir vous voir en passant, car si on passe quelque temps dans l’Oise, je ferai tout mon possible pour avoir, au moins, 24 heures. Il faut bien, avant d’aller dans l’enfer.
Enfin, en attendant, on ne s’en fait pas trop, on prend bien son temps en patience. Puis d’ailleurs, il n'y a pas lieu de s’en faire, puisque d’après Yvonne « on les aura ». Moi, je n'y crois pas beaucoup. On aura un membre ou la tête en moins, sûrement.
Je vous dirai qu’ici, il fait un joli temps et même plutôt chaud.
Bons baisers à tous. François.
Le 14 avril 1916
Je suis toujours en excellente santé et à la veille d’aller au repos pour quelques jours. Je viens de recevoir un colis de La Bessède, un bout de salé, un fromage excellent et tabac. Ca doit être Mélanie qui leur a donné l’envie car je l’avais bien remerciée de son salé.
Je vous dirai que le temps s’est bien changé en Alsace. Hier et cette nuit, il a fait un vent terrible et, aujourd’hui, il tombe de la neige à plein temps. Mais je ne crois pas qu’elle reste car elle a l’air de fondre à mesure. Mais, c’est un temps dégoutant pour la tranchée.
Plus grand-chose pour le moment.
Bien le bonjour et bons baisers à tous. François.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 25 avril 1916
Ma chère sœur.
J’ai reçu ton colis, hier, et le tout était excellent. Je conserve la sauce pour le casse croûte du matin. Je m’empresse de te remercier de ton aimable idée. Tu es bien gentille d’avoir pensé à moi pour Pâques. Comme fête, on s’est contenté de manger du singe ou de la morue. J’espère que vous n’en avez pas fait autant. Enfin, c’est la guerre.
Si ça continue, comme ça marche à présent, je crois que, la semaine prochaine, je serai auprès de vous pour 8 jours.
En attendant, je suis au repos et vous embrasse tous bien fort.
Ton petit frère bien affectionné. François.
Carte postale à Mlle Yvonne Aubert
Le 27 avril 1916
Je suis en très bonne santé.
Bien des choses à tous et à bientôt. François.
Du 6 mai au 23 juillet, le bataillon est chargé d’occuper le secteur du Judenhut, sur les pentes nord-est du Ballon de Guebwiller, sous de grandes forêts, un site magnifique et tranquille.
Lettre à Mlle Yvonne Aubert
Les Vosges, le 5 juin 1916
Ma chère sœur.
Je regrette beaucoup de t’avoir tant vexée en te disant que tu étais un peu négligente. Je te demande mille excuses. Tu peux passer un peu là dessus car je t’ai simplement dit cela pour que tu me l’envoies le plus tôt possible, tout en te taquinant un peu.
Enfin, à présent, j’ai l’adresse et j’espère que tout cela va être oublié et que tu ne m’en veux plus. N’est ce pas ?
Je te dirai que je suis, toujours, au même endroit et, toujours très tranquille. Un peu de travail, mais c’est la santé et à part ça c’est épatant.
C’est bien la première fois que l’on tombe sur un coin comme cela et, surement, que ce sera bien le dernier, car ils sont rares. On n’est pourtant pas loin du Vieil Armand. On le sait comme si on y était, mais c’est la nuit contre le jour. Encore, hier, il n’y faisait pas bon, il a reçu quelque chose comme marmitage. On entendait et on voyait très bien.
Je ne sais le temps que l’on va rester. Je n’ai aucun tuyau là-dessus, mais ce qu’il y a de sûr pour nous, c’est que le plus longtemps ce sera le meilleur.
Bien entendu que l’on n’est pas exempt de marmites, mais elles ne sont pas obligées de nous attraper. Il y a tellement de place à côté. D’ailleurs, ils en ont bien, déjà, balancé pas mal et nous n’avons eu qu’un blessé très légèrement au bataillon.
Quant à la température, ça laisse à désirer, beaucoup à désirer. Il fait, plutôt, froid. Ces jours ci, il pleut presque tous les jours et, même, il a tombé de la neige toute la nuit. Elle n’a pas resté vu que c’est un peu mouillé et ce n’est pas la saison non plus, mais on aurait bien dit une nuit d’hiver quand même.
Plus grand-chose de nouveau à vous faire part, pour le moment. J’espère que ma lettre va vous trouver tous en aussi bonne santé qu’elle me quitte.
Bons baisers à tous. François Aubert.
Lettre à Mlle Yvonne Aubert
Epinal, le 3 juillet 1916
Ma bien chère sœur,
Tu me demandes ce que je deviens vu que je ne donne pas souvent de mes nouvelles. Tu crois, sans doute, qu’il ya un peu de négligence de ma part. Je n’en doute pas.
Je te dirai que tu n’as pas tous les tords. Il y en a un peu, mais, de ce moment, nous sommes bien occupés, nous avons bien fini les étapes, mais tous les jours, du matin au soir, on est à l’exercice. Ce n’est pas très pénible, mais il faut le faire et il fait tellement chaud que ça nous travaille beaucoup.
Je vais te raconter une petite manœuvre que l’on fait pendant 3 jours. Le matin à 5 h, on part en auto. C’est assez intéressant, on traverse Epinal et l’on va au champ d’aviation faire des exercices de signalisation avec les aéros jusqu’à 9h30. Ca marche très bien. Ensuite, on revient en auto pour manger et l’on repart à 12h30 pour aller faire des exercices de signalisation avec un ballon qui se trouve sur un fort et l’on revient juste pour manger la soupe. Tu vois que la journée est bien occupée. On a juste un petit moment, le soir, pour aller boire un bock. A présent, on va faire les exercices de brigades, on n’a pas fini de courir, non plus.
Je pense rester, encore, ici, au moins 11 jours. Après, je n’en sais rien. Il y a, tellement, de canards que l’on ne connaît pas le bon. A présent, ce n’est pas sûr que je vois ton filleul, malgré que j’aimerai autant.
Quant aux cadeaux, ce n’est guère le moment, mais ne désespérons pas quand même, ça viendra un jour si les bôches ne me descendent pas. Tu me dis que la tante m’envoi 5 francs, mais je ne les ai pas vu. Etaient-ils dans ta lettre ?
Je viens de recevoir le colis de l’Hollandaise et je lui écris de suite.
Non, mais dit donc, tu n’y penses plus d’aller tourner de l’œil sur le balcon. J’espère que tu en es bien remise quand même et que la Croix Rouge n’a pas eu besoin de se déranger.
Quant aux bonnes langues, dont tu me parles, elles ont bien du temps de reste de s’occuper de moi, car, de ce moment, une fiancée c’est le plus moindre de mes soucis. D’ailleurs, puisque la guerre ne veut pas finir, il n’y a pas à penser à l’avenir et ne crois pas que je désespère là dessus. Il y en aura toujours assez, si je reviens, car ils ont envie de nous éclaircir encore et (illisible). Et pour Bertha, c’est bien la même chose, elle en a trouvé avant moi, elle en trouvera après. Ne t’en fais pas pour ça, c’est la guerre ! …
Je te dirai que j’ai bien reçu les nouvelles de l’Estrade, mais malheureusement bien tristes. Je m’en doutais bien, lorsque j’ai su qu’il était blessé, car comme son camarade leur avait annoncé ça en avait tout l’air.
Bons baisers à tous. François.
Je vous joins les dernières nouvelles de l’Estrade.
Lettre à M. et Mme Aubert
Le 7 juillet 1916
Chers parents.
Ces quelques mots pour vous dire que je suis toujours en excellente santé et vous désire tous de même.
Je suis, toujours, au même endroit dans les Vosges entrain de faire des manœuvres. On mouille bien la liquette, mais ça peut faire quand même; ça vaut mieux que les obus.
Je compte partir vendredi. Je pourrai des fois venir vous voir en passant, car si on passe quelque temps dans l’Oise, je ferai tout mon possible pour avoir, au moins, 24 heures. Il faut bien, avant d’aller dans l’enfer.
Enfin, en attendant, on ne s’en fait pas trop, on prend bien son temps en patience. Puis d’ailleurs, il n'y a pas lieu de s’en faire, puisque d’après Yvonne « on les aura ». Moi, je n'y crois pas beaucoup. On aura un membre ou la tête en moins, sûrement.
Je vous dirai qu’ici, il fait un joli temps et même plutôt chaud.
Bons baisers à tous. François.
Carte postale à M. et Mme Aubert
Le 24 juillet 1916 Mes chers parents et chère sœur. Ces quelques mots pour vous dire que je suis toujours en excellente santé. Mais ce coup ci, nous y Somme, depuis hier soir. Aujourd’hui, on est à 35 km des lignes, mais demain, on va changer d’endroit. Je vous dirai que hier, j’ai eu un cafard terrible de me voir si près de (illisible), de voir la Tour et de ne pas pouvoir m’arrêter, et je n’étais pas seul. A Poissy, nous avons pris la grande ceinture et en vitesse A présent, c’est trop loin pour aller à Paris et pour venir me voir, aussi, et on n’est même pas sur un endroit stable. On a même passé la journée et la nuit dans un bois. Aujourd’hui, on a vu quelque chose comme aéros. Pour aujourd’hui, plus grand-chose. Je vous renseignerai souvent. Bons baisers à tous. François. |
Cette carte est la dernière correspondance conservée de François.
Le 23 août au soir, le bataillon débarque à Longeau près d’Amiens. Bivouaque à Villers-Bretonneux, à Blangy, à Hamel, puis à Ceros-Gailly.
Le 3 septembre, à 2 heures du soir, le bataillon quitte le bivouac de Suzanne. Il atteint « Le moulin de Fargny » et ensuite « Le Chapeau de Gendarme ».
Le 4 septembre au matin, il se trouve engagé dans la bataille, le 28e est en deuxième ligne. La mission est d’attaquer la crête dite des « Observatoires » et le « Bois Reinette ». Les objectifs fixés sont atteints, mais les pertes sont élevées un officier et 24 hommes sont tués, 2 officiers et 84 hommes sont blessés.
Le 3 septembre, à 2 heures du soir, le bataillon quitte le bivouac de Suzanne. Il atteint « Le moulin de Fargny » et ensuite « Le Chapeau de Gendarme ».
Le 4 septembre au matin, il se trouve engagé dans la bataille, le 28e est en deuxième ligne. La mission est d’attaquer la crête dite des « Observatoires » et le « Bois Reinette ». Les objectifs fixés sont atteints, mais les pertes sont élevées un officier et 24 hommes sont tués, 2 officiers et 84 hommes sont blessés.
François AUBERT est tué à l’ennemi, le 4 septembre, au combat de Bois Reinette dans la Somme.
« Chasseur d’un calme et d’un sang froid merveilleux a été tué le 4 septembre 1916 en se portant à l’assaut des tranchées ennemies, malgré de violents tirs de barrage »
Il est enterré, provisoirement, dans une fosse commune avec trois autres soldats au nord du « Bois de Hem » sur la commune de Maurepas
François AUBERT a été décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent
et, le 22 avril 1920, de la Médaille militaire.
Documentation consultée :
> Pages de gloire du 28ème bataillon de Chasseurs Alpins, 1914-1918 - Berger-Levrault
http://www.gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6285956/f5.highres
> La guerre 1914-1918 du 28ème BCA
http://www.alpins.fr/28eme_BCA_guerre14_18.html
> 14-18 : Le Hartmannswillerkopf, le mangeur d’hommes
http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/86-premiere-guerre-mondiale
> Hartmannswillerkopf, champ de bataille – lieu de mémoire
http://www.hartmanswillerkopf.e-monsite.com
> Pages de gloire du 28ème bataillon de Chasseurs Alpins, 1914-1918 - Berger-Levrault
http://www.gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6285956/f5.highres
> La guerre 1914-1918 du 28ème BCA
http://www.alpins.fr/28eme_BCA_guerre14_18.html
> 14-18 : Le Hartmannswillerkopf, le mangeur d’hommes
http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/86-premiere-guerre-mondiale
> Hartmannswillerkopf, champ de bataille – lieu de mémoire
http://www.hartmanswillerkopf.e-monsite.com