Lettres du soldat Marcel MalanèdeRemerciements : Françoise Faure
Marcel Malanède est né à Saint-Pardoux le 25 août 1894, fils de Paul Malanède, tailleur de pierre et cultivateur, qui fut également mobilisé dés 1914 et de Marie Chaumaison. Mobilisé dés le début de la guerre en août 1914, il suivit une période de formation dans le Doubs puis fut envoyé sur le front en Picardie. Ces lettres, publiées ici sous forme d’extraits ou de lettres entières, ne constituent qu’une partie de l’abondant courrier qu’il adressa à sa famille, de sa mobilisation en 1914 à sa démobilisation en septembre 1919. Au cours de ces 5 années il combattit sur le front, souvent en première ligne, et fut fait prisonnier dans l’enfer de Verdun, au Fort de Vaux le 7 juin 1916. Il passa ensuite 2 années de captivité en Allemagne où il fut employé dans des fermes. Il fut rapatrié le 27 décembre 1918 puis démobilisé en 1919. Il sera remobilisé en septembre 1939…et envoyé à la poudrerie d’Angoulême. Il était le père de Pierre Malanède et le grand-père de Jean-Paul, Françoise et Patricia. |
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Ci-contre une reproduction des cartes postales que Marcel avait envoyées ou reçues en 1915. >> Cliquez ici pour retrouver d'autres cartes postales envoyées par Marcel Malanède |
Extraits de lettres de Marcel Malanède ... et réponses
Françoise a poursuivi son travail et nous a transmis une sélection de lettres de 1915 et 1916.
En voici les extraits qu’elle nous a communiqués. Extraits parmi les 165 lettres écrites ou reçues par Marcel !
>> Cliquez ici pour ouvrir le fichier
Françoise a poursuivi son travail et nous a transmis une sélection de lettres de 1915 et 1916.
En voici les extraits qu’elle nous a communiqués. Extraits parmi les 165 lettres écrites ou reçues par Marcel !
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Lettre de Richard Depoux à Marcel Malanède
Richard Depoux, âgé de 20 ans en 1914, était maçon et habitait aux Fayes. Richard écrit de Montluçon où il devait être en convalescence, après avoir été blessé par un éclat d’obus lors de la bataille de la Marne, le 14 septembre 1914. Il combattit la totalité de la guerre et survécut. Il reprit ensuite son métier de maçon, qu’il exerça tantôt en Région Parisienne, tantôt aux Fayes.
A noter que dans cette lettre écrite le 1er mai 1915, dans laquelle il donne des nouvelles des copains, il signale bien les deux décès survenus le mois précédent, en avril, ceux de Victor Chénebit et de Jean Collinet.
Le « détroit » dont il parle, c’est l’expédition des Dardanelles qui se déroula effectivement en 1915.
Richard Depoux, âgé de 20 ans en 1914, était maçon et habitait aux Fayes. Richard écrit de Montluçon où il devait être en convalescence, après avoir été blessé par un éclat d’obus lors de la bataille de la Marne, le 14 septembre 1914. Il combattit la totalité de la guerre et survécut. Il reprit ensuite son métier de maçon, qu’il exerça tantôt en Région Parisienne, tantôt aux Fayes.
A noter que dans cette lettre écrite le 1er mai 1915, dans laquelle il donne des nouvelles des copains, il signale bien les deux décès survenus le mois précédent, en avril, ceux de Victor Chénebit et de Jean Collinet.
Le « détroit » dont il parle, c’est l’expédition des Dardanelles qui se déroula effectivement en 1915.
Lettres de Marcel Malanède à ses parents
1er Janvier 1915.
Marcel Malanède, auquel nous avions consacré un panneau l’an dernier, et dont la petite fille Françoise Faure vient de découvrir une mallette entière de lettres et de cartes postales, entretenait une correspondance fournie avec ses proches.
Cette première lettre, écrite le 1er janvier 1915, est une excellente introduction à notre hommage aux soldats morts en 1915. Tout ne devait pas être aussi agréable et si peu exposé au danger que le dit Marcel, mais l’on sent surtout, comme chez beaucoup de soldats qui écrivent à leur famille, la volonté de rassurer ceux qui naturellement craignent sans arrêt le pire.
Pierrefonds le 1er Janvier 1915
Chers parents
Je suis toujours à Pierrefonds et je souhaite de tout mon cœur que ma présente lettre vous trouve ainsi que ma marraine en aussi bonne santé qu’elle me quitte, et je vous fais à tous les trois mes meilleurs compliments d’amitié.
Chers parents j’ai passé un bon 1er de l’an, ce matin il n’y a pas eu exercice, à 8 heures tout le bataillon était rassemblé dans la cour du château et le colonel nous a fait ses souhaits pour 1915. En plus de l’ordinaire qui se compose de soupe bœuf et rata nous avons reçu chacun deux quarts de vin ,1 bouteille de champagne pour cinq, chacun un cigare, 2 pommes 5 noix, et une mandarine, et ce soir la permission de sortir à cinq heures jusqu’à 8 heures tandis que d’habitude il est défendu de sortir sans être accompagné d’un gradé. Sans doute que ça ne continuera pas mais c’est toujours un bon jour de plus de passé. Tout le monde est content, chacun dit sa chanson, on se croirait à la noce et que la paix est signée. Ça sera long à attendre que nous soyons en paix, mais ça n’en vaudra que mieux. L’ennemi s’épuisera sans que nous n’ayons de grandes pertes
J’ai encore été veinard d’aller au 42, presque tous les bleus de ma classe qui étaient dans d’autres régiments sont dans les tranchées, tandis que je ne suis pas à la veille d’y aller. Nous avons fait une attaque le jour de Noël, ce n’était pas nous qui devions la faire, c’était une division marocaine, et je crois que nous embarquerons pour l’Alsace. Si nous y allons, nous allons partir un de ces jours, mais nous seront toujours en réserve, c'est-à-dire cantonnés un peu en arrière du feu, se transporter d’un point à l’autre où l’on doute des mouvements de troupes ennemies qui voudraient passer nos tranchées. On trimarde très fort par moments, mais ça vaut mieux que d’être dans les tranchées.
Chers parents j’espère que vous avez fait un bon 1er jour de l’an et que vous ne vous faites pas de bile pour moi car je ne m’en fait pas, et j’espère que le 1er de l’an 1916 sera plus agréable que celui-ci car nous le passerons en famille et en paix.
L’ami Malterre a reçu une lettre de ses parents, ils disent qu’il fait froid au pays. Ce n’est pas de même dans la contrée que je suis, le temps est plutôt pluvieux .Chers parents je n’ai rien d’autre chose à vous dire que je finis en vous embrassant ainsi que ma marraine.
Votre fils qui vous aime et pense bien à vous
Marcel
à l’instant l’ordonnance de mon lieutenant vient de me dire qu’on part demain pour Montgobert
1er Janvier 1915.
Marcel Malanède, auquel nous avions consacré un panneau l’an dernier, et dont la petite fille Françoise Faure vient de découvrir une mallette entière de lettres et de cartes postales, entretenait une correspondance fournie avec ses proches.
Cette première lettre, écrite le 1er janvier 1915, est une excellente introduction à notre hommage aux soldats morts en 1915. Tout ne devait pas être aussi agréable et si peu exposé au danger que le dit Marcel, mais l’on sent surtout, comme chez beaucoup de soldats qui écrivent à leur famille, la volonté de rassurer ceux qui naturellement craignent sans arrêt le pire.
Pierrefonds le 1er Janvier 1915
Chers parents
Je suis toujours à Pierrefonds et je souhaite de tout mon cœur que ma présente lettre vous trouve ainsi que ma marraine en aussi bonne santé qu’elle me quitte, et je vous fais à tous les trois mes meilleurs compliments d’amitié.
Chers parents j’ai passé un bon 1er de l’an, ce matin il n’y a pas eu exercice, à 8 heures tout le bataillon était rassemblé dans la cour du château et le colonel nous a fait ses souhaits pour 1915. En plus de l’ordinaire qui se compose de soupe bœuf et rata nous avons reçu chacun deux quarts de vin ,1 bouteille de champagne pour cinq, chacun un cigare, 2 pommes 5 noix, et une mandarine, et ce soir la permission de sortir à cinq heures jusqu’à 8 heures tandis que d’habitude il est défendu de sortir sans être accompagné d’un gradé. Sans doute que ça ne continuera pas mais c’est toujours un bon jour de plus de passé. Tout le monde est content, chacun dit sa chanson, on se croirait à la noce et que la paix est signée. Ça sera long à attendre que nous soyons en paix, mais ça n’en vaudra que mieux. L’ennemi s’épuisera sans que nous n’ayons de grandes pertes
J’ai encore été veinard d’aller au 42, presque tous les bleus de ma classe qui étaient dans d’autres régiments sont dans les tranchées, tandis que je ne suis pas à la veille d’y aller. Nous avons fait une attaque le jour de Noël, ce n’était pas nous qui devions la faire, c’était une division marocaine, et je crois que nous embarquerons pour l’Alsace. Si nous y allons, nous allons partir un de ces jours, mais nous seront toujours en réserve, c'est-à-dire cantonnés un peu en arrière du feu, se transporter d’un point à l’autre où l’on doute des mouvements de troupes ennemies qui voudraient passer nos tranchées. On trimarde très fort par moments, mais ça vaut mieux que d’être dans les tranchées.
Chers parents j’espère que vous avez fait un bon 1er jour de l’an et que vous ne vous faites pas de bile pour moi car je ne m’en fait pas, et j’espère que le 1er de l’an 1916 sera plus agréable que celui-ci car nous le passerons en famille et en paix.
L’ami Malterre a reçu une lettre de ses parents, ils disent qu’il fait froid au pays. Ce n’est pas de même dans la contrée que je suis, le temps est plutôt pluvieux .Chers parents je n’ai rien d’autre chose à vous dire que je finis en vous embrassant ainsi que ma marraine.
Votre fils qui vous aime et pense bien à vous
Marcel
à l’instant l’ordonnance de mon lieutenant vient de me dire qu’on part demain pour Montgobert
14 février 1915
Françoise a ajouté le scan d’une lettre du 14 février, qu’elle a jugé représentative de l’ensemble des courriers de son grand-père, car elle aborde l’ensemble des sujets qui reviennent le plus souvent dans sa correspondance, les nouvelles de la famille et la conduite de la ferme d’une part, les informations sur la guerre d’autre part, mais toujours en minimisant le danger qu’il court.
Françoise a ajouté le scan d’une lettre du 14 février, qu’elle a jugé représentative de l’ensemble des courriers de son grand-père, car elle aborde l’ensemble des sujets qui reviennent le plus souvent dans sa correspondance, les nouvelles de la famille et la conduite de la ferme d’une part, les informations sur la guerre d’autre part, mais toujours en minimisant le danger qu’il court.