Combien de soldats Sannatois sont morts à la guerre 14-18 ?
Par Jean-Pierre Buisson
Le monument aux morts en indique 45 :
6 en 1914
17 en 1915
4 en 1916
7 en 1917
11 en 1918 (dont 1 mort en 1921 en Turquie Marcel Lorival).
3 autres soldats, décédés pendant le conflit, tués au combat ou morts à la suite de leurs blessures, ont été retranscrits sur le registre des décès de Sannat parce qu’ils résidaient alors dans notre commune.
Il s’agit de :
Louis Soulier, mort en 1914. Il était né en 1886 à Evaux, mais marié à une Sannatoise il habitait à Samondeix depuis 1913. Son nom figure parmi le monument aux morts d’Evaux.
Gilbert Legros, mort en 1916. Il était né en 1879 à Budelière et il avait résidé à Evaux en qualité de cultivateur, mais sur sa fiche de décès il est indiqué que l’acte a été transcrit à Sannat où il était domicilié. Sans doute comme Louis Soulier s’y était-il marié ? (à vérifier). Son nom figure également sur le monument aux morts d’Evaux.
Auguste Barret, mort en 1918. Il était né en 1880 à Fontanières (Fiche matricule) ou à Rougnat (Fiche de décès Mémoire des hommes). Son nom figure sur le monument aux morts de Fontanières. Pourtant il semble qu’il habitait Sannat depuis 1913 d’après sa fiche matricule (sur laquelle il est précisé qu’il était maçon), et son décès a été retranscrit sur le registre des décès de notre commune.
Ces 3 soldats dont le nom est gravé sur d’autres monuments sont logiquement à compter parmi nos morts, ce qui porterait le total à 48.
Se pose en outre la question pour :
Jean Couturier (officiellement Léonard Jean), né à Sannat en 1870. Il était d’après sa fiche matricule clairement domicilié à Sannat où il exerçait la profession de cultivateur. Mais son décès, survenu en 1915, a été retranscrit à Châtain où son nom figure au monument sur la liste des morts. Il n’est pas sur notre monument mais une plaque à son nom est cependant déposée sur un caveau du cimetière de Sannat. Ne devrait-il pas lui aussi être compté parmi nos morts ?
La question se pose moins pour un autre soldat dont la plaque orne un des tombeaux de notre cimetière, bien que son nom ne soit pas gravé sur le monument. Il s’agit de :
Louis Batier, né en 1878 dans le Jura, mais résidant à Reterre. Il exerçait la profession de menuisier et semblait migrer comme les maçons (en Lorraine notamment). Il est mort à la guerre en 1916. Son décès a été retranscrit à Reterre et son nom figure bien dans la liste de leurs morts. La plaque déposée à Sannat l’est sur le caveau de la famille Batier qui habitait dans le Bourg d’en Haut. Sans doute ses descendants ont-ils voulu mettre cette plaque pour honorer la mémoire de l’aïeul qui les accompagnait ainsi dans leur commune d’adoption.
C’est donc à 49 qu’il faudrait arrêter ce dénombrement funèbre, en incluant Louis Soulier (1914), Jean Couturier (1915), Gilbert Legros (1916) et Auguste Barret (1918)…et en conservant Marcel Lorival décédé en Turquie en 1921, car les combats qui s’y déroulèrent étaient directement dans le prolongement de ceux de 14-18. Mais il ne semble pas qu’il y ait lieu de compter Louis Batier dont la plaque ne figure dans notre cimetière que par attachement familial.
Décembre 2015 : Rectificatif > Il semble que Louis Batier doive être compté au nombre des Sannatois "Morts pour la France". Les recherches entreprises par son arrière petite fille Mireille indiquent que la famille Batier est une vieille famille dont l'ancienneté sannatoise remonte à plusieurs siècles. Nous rédigerons avec elle la fiche concernant son aïeul à l'occasion du 11 novembre 2016, et nous essaierons alors de préciser les choses.
En outre la rédaction des fiches des soldats tombés en 1915 nous a permis de trouver un autre soldat Sannatois dont le nom ne figure pas au monument. Il s'agit de Jean-Marie Dumont dont le nom est gravé sur le monument vosgien de Rupt sur Moselle.
Le total des Sannatois morts à la "Grande Guerre" doit donc être porté à 51, ce qui modifie de manière sensible le % qui figure sur le tableau comparatif ci-dessous, nous faisant symboliquement dépasser la moyenne nationale (3.5) avec 3.7, nous plaçant dans la moyenne du canton d'Evaux (3.7), mais nous faisant rester en deçà de la moyenne creusoise (4.1).
Peut-être de nouveaux "Soldats inconnus" nous serons t-ils dévoilés?
Janvier 2016 : Rectificatif du rectificatif > Louis Batier était bien natif de Reterre, mais peut-être est-il inhumé au cimetière de Sannat ? A suivre…
Nous vérifierons tout cela plus en détail, à chacune des années concernées, lorsqu’ il s’agira d’établir les fiches individuelles, mais si quelqu’un peut apporter des informations concernant ces soldats, elles seront les bienvenues.
Et qu’en est-il en comparaison des communes voisines ?
La relative imprécision des informations données par les monuments aux morts n’interdit pas la comparaison avec les communes voisines, même si nous ne pouvons prétendre à l’exactitude. Si l’on s’en tient aux décès officiellement recensés sur les monuments ou retranscrits sur le site Genweb, on obtient le tableau suivant pour les communes des cantons d’Evaux et de Chambon, que l’on peut comparer aux chiffres de la Creuse et de la France.
On s’aperçoit que Sannat a un pourcentage de décès inférieur à la moyenne, et même le plus faible de l’ensemble. Fontanières dans notre canton ou St Julien le Châtel dans celui de Chambon en ont par exemple des beaucoup plus élevés. Même si l’on comptait 49 décès, le % passerait à 3.55. Nous resterions en deçà de la moyenne du canton, de la somme des deux cantons et de la Creuse, mais dans la moyenne nationale. Cela nous distinguerait de l’ensemble de la France rurale qui a beaucoup plus souffert du conflit que la France urbaine. Il n’y a probablement pas d’explication rationnelle à chercher. Sur des chiffres « relativement petits » (statistiquement s’entend, car humainement ils sont énormes), le hasard joue un grand rôle. La particularité des chiffres de Sannat n’explique pas en tout cas l’originalité de son monument évoquée dans un autre article.
Si notre commune avait été touchée plus que les autres, on pourrait mieux comprendre la colère de notre poilu de bronze, colère contre l’ennemi, ou colère contre la guerre, l’un et l’autre dévoreurs d’hommes. Mais tel n’est pas le cas, alors là aussi le choix du guerrier véhément reste à éclaircir.
Nous reviendrons lors de l’exposition 2018 sur le bilan démographique et sur la catastrophe qu’a engendrée la guerre dans nos villages.